Violences conjugales: 10 mois toujours, mais avec sursis
L’ASBL Lire et écrire s’inquiète des absences d’une de ses habituées qui se montrait assidue. La femme finit par parler. Elle est comme en prison.
Publié le 03-01-2022 à 07h56
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Cette femme et son mari, Ali G., 46 ans, sont ensemble depuis 25 ans. Ils ont deux enfants. On se doute que, si elle suit ces cours, c’est parce qu’elle éprouve des difficultés à manier la langue française et, à l’audience du 24 novembre dernier, son mari n’a sorti que quelques borborygmes à peine audibles, d’ailleurs en contradiction avec ce que déclara son avocate.
Il était venu faire opposition au jugement l’ayant condamné par défaut le 2 décembre 2020 à dix mois de prison ferme pour coups répétés portés à sa femme entre novembre 2015 et novembre 2019. Il les nia avant que son défenseur n’explique qu’en réalité il les reconnaissait à présent.
La femme déposa une première plainte le 1er novembre 2019 en profitant de l’absence d’Ali retourné pour quelques jours dans son pays natal. Elle expliqua être frappée depuis plusieurs années par son mari qui se saisit de tout ce qui lui tombe sous la main.
Elle revint à la police le 19 novembre suivant. Elle déclara que, la veille, il lui avait arraché son GSM. Elle avait peur pour son intégrité physique et celle de ses enfants. "Parfois, je fais semblant de m'évanouir pour qu'il arrête de me frapper. Il me traite comme si j'étais en prison."
Pour excuser ses absences, elle déposa des certificats médicaux à l’ASBL Lire et écrire que les responsables trouvèrent interpellants. Elle se confia à eux tout comme elle le fit à une voisine.
Ali finit par reconnaître avoir repoussé sa femme et lui avoir, à l’occasion, donné une ou deux baffes. Il la présenta comme hystérique.
Le couple est séparé depuis trois ans. La femme et ses enfants vivent dans un centre d’accueil. Lors de l’audience précitée, le parquet demanda confirmation du jugement querellé. Le tribunal l’a partiellement suivi, maintien des dix mois de prison mais avec sursis.