Un gardien frappe deux détenus
Nul n’est à l’abri d’un dérapage dans notre monde tourneboulé. Un gardien de prison frappe deux détenus et rédige de faux rapports disciplinaires.
Publié le 26-06-2021 à 07h15
L’avocat Jean-Philippe Rivière est venu de Tournai pour défendre avec sobriété et retenue Cédric B., 44 ans, poursuivi pour avoir fait usage de violences dans l’exercice de ses fonctions de surveillant pénitentiaire à deux reprises à l’égard de détenus de la prison d’Ittre.
Le 20 septembre 2020, il s'en prit à Youssef K. dans sa cellule. Il lui reprocha de ne pas mettre son masque assez vite. Il le jeta au sol par une balayette et lui porta trois coups à la tête. Le détenu décrivit son comportement comme suit: «Il cherchait vraiment la bagarre».
Le 18 janvier 2021, c’est Dylan G. qui subit des foudres. Il y avait eu un contrôle en cellule assez chamboulé puis Cédric porta des coups de boule aux douches.
Comme si cela ne suffisait pas, il rédigea de faux rapports disciplinaires dont le premier se solda par cinq jours d’isolement pour injures et refus d’obtempérer. Un codétenu aida Youssef à rédiger une plainte qui resta sans suite jusqu’au second incident, générateur d’une enquête à charge de l’agent pénitentiaire.
Le substitut du procureur du roi Gérard reconnut que la profession d'agent est difficile et requiert des nerfs solides car la prison est le lieu quotidien de violences physiques et d'injures. «Ici, on est allé trop loin. Les détenus doivent avoir confiance dans l'institution pénitentiaire. Dans le cas présent, ils sont victimes d'une injustice profonde.»
Les explications du prévenu? «J'ai perdu mon sang-froid. Je suis un impulsif. Je venais de perdre ma mère et j'ai été insulté de fils de pute. J'étais au bout du rouleau.»
Deux ans de prison avec sursis ont été requis. La défense plaida un an assorti du même sursis probatoire, suivre une formation à la gestion de la violence et poursuivre la thérapie entamée.
L'agent est depuis douze ans dans la fonction sans avoir connu la moindre anicroche, il est en outre sapeur-pompier volontaire. Il était dans une très mauvaise passe, un divorce, la perte de sa mère. «Son armure a fini par se briser et la direction de l'administration pénitentiaire lui a laissé une chance en lui offrant une mutation.»
Jugement le 25 août.