Trois ans pour avoir escroqué son propre avocat
On a beau être roué aux arcanes du monde judiciaire, on n’en est pas moins susceptible de tomber dans le piège tendu par un escroc notoire.
Publié le 19-05-2021 à 07h56
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Aux dires de ses avocats qui l'ont représenté lors de l'audience dont le compte rendu vous a été détaillé le22 avril, Jean-Louis Druart, 69 ans, vivrait en Suisse où il aurait été victime d'un home-jacking.
Il a 35 condamnations à son compteur depuis 1994, le plus souvent pour escroquerie. Le 29 juin 2016, alors qu'il se trouvait en France, Druart prit avec l'avocat/bâtonnier, dont il était le client, un «contact urgent». À l'entendre, il était menacé d'un procès imminent car une femme, allait déposer plainte contre lui et un de ses amis à propos d'une créance de 32 500€.
«Cette somme permettrait d'éviter une procédure en justice. Je possède ce montant, expliqua-t-il. J'ai effectué le virement à votre profit et les 32 500€ vont vous arriver, mais le fait qu'ils me soient (re)versés par un avocat revêtirait un caractère plus officiel.»
Une «relation de confiance» avec un fantôme
L'homme de loi ne pouvait ignorer le passé de son client avec lequel, selon son avocat Thierry Bayet, il avait noué «une relation de confiance». Ses doutes furent sans doute dissipés par un mail reçu de cette Française qui confirma la dette et son montant. Bref, il sortit les 32 500€ de sa cassette personnelle et effectua le virement sans avoir reçu le montant équivalent promis par son client.
«Depuis 2016, il attend le remboursement de ce prêt. Il n'a jamais reçu le moindre eurocent de ce fantôme…», expliqua Me Bayet.
Les avocats de Druart tentèrent d'édulcorer la responsabilité de leur client en parlant de la «petite négligence» de la victime. Ils acceptèrent le remboursement mensuel suggéré de 3 000€.
Le tribunal a condamné l’escroc à trois ans de prison et à une amende de 8 000€, le tout avec sursis provisionnel fondé sur l’indemnisation de la victime.