2020-2021 DANS L’ŒIL DE… Maxime Moreels: «Tout a été chamboulé en 2020»
Maxime Moreels évoque avec nous l’année 2020, très light en termes de compétition sportive. Le report des J.O. de Tokyo est «le» fait de l’année.
Publié le 23-12-2020 à 06h01
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Originaire de Nivelles, Maxime Moreels joue au badminton depuis l’âge de six ans. En 2018, il a décroché son premier titre de champion de Belgique en simple messieurs après avoir échoué à sept reprises en finale contre Yuhan Tan. Il est actuellement le numéro un belge en simple. Il a commencé une carrière internationale en 2009. Lors de l’interruption des tournois due à la crise sanitaire, il était proche d’une qualification pour les Jeux olympiques, un rêve qu’il espère réalisé en 2021. Et pour cela, il est soutenu par la Fédération francophone de badminton avec laquelle il s’entraîne à Liège.
Maxime Moreels, que retenir de cette année 2020?
L’année 2020 devait être celle des Jeux olympiques de Tokyo. Ils sont été annulés en raison et de ce fait, tout a été chamboulé, j’ai dû revoir mes plans. Dans notre discipline, comme dans beaucoup d’autres sports, une participation aux Jeux, c’est le sommet d’une carrière. J’espère qu’ils pourront se dérouler l’année prochaine et que ce n’est que partie remise. Je devrai prendre un maximum de points lors des tournois de mars et avril pour y être.
À quelle place mondiale faut-il se situer pour y participer?
J’occupe actuellement la 97e place mondiale, j’étais juste derrière le dernier qualifié au moment où la saison s’est interrompue. Ma place n’y est donc pas garantie puisque d’importants tournois devaient encore se disputer. Ils ont été reportés au mois de mars et avril 2021. Le calcul n’est pas évident. Globalement un seul joueur par pays est qualifié. Et comme les seize premiers mondiaux sont qualifiés d’office, certains pays ont droit à deux joueurs, c’est le maximum. Au-delà, les joueurs sont pris à tour de rôle. Il y a aussi quelques invitations. Il y a pour l’instant 41 qualifiés selon le ranking publié par la fédération mondiale.
De nombreux tournois ont été annulés?
Au début de l’année 2020, j’ai participé à plusieurs tournois de préparation qui me permettaient de gagner des points pour le ranking mondial. Les plus gros tournois pour la qualification olympique ont été annulés. J’ai repris au Danemark mi-octobre dans un tournoi très relevé. En tennis, on parlerait d’un grand chelem. J’ai pu entrer dans le tableau final pour la première fois de ma carrière en raison des réticences de plusieurs pays, notamment asiatiques, à y envoyer des athlètes suite à la crise. J’y ai été éliminé par le joueur danois Hans-Kristian Vittinghus (13-21, 8-21), 42e mondial. L’année dernière, il figurait encore dans le top 15. C’était une très belle expérience. J’y ai livré un bon match, le score était forcé. J’ai enchaîné fin octobre avec le tournoi de Saarbrucken en Allemagne. Cela s’est moins bien passé. J’ai été battu par un joueur indien Ajay Jayaram (61e mondial). Il a un jeu atypique, je n’ai jamais pu trouver la parade. Début décembre, lors de la qualification pour le championnat d’Europe en mixte, j’ai retrouvé mon niveau. Cela m’a fait du bien de pouvoir rejouer.
Comment avez-vous géré ces sept mois sans compétition?
L’année écoulée a tout d’abord révélé la capacité d’adaptation pour tous les sportifs. C’est une situation que je n’avais jamais rencontrée. Nous avons eu la chance de pouvoir continuer à nous entraîner au contraire d’autres secteurs qui étaient à l’arrêt. Nous en avons profité pour travailler la technique. Il n’était pas évident de rester sur le qui-vive, sans avoir si on allait jouer en compétition. Puis, les tournois ont été annulés les uns après les autres…

«La chute du cycliste Remco Evenepoel le 15 août dernier lors du Tour de Lombardie. J’aime le cycliste et je regardais la course en direct à la télévision. Juste après la chute, il y a eu l’angoisse, on ne le retrouvait pas. On savait qu’il était tombé dans un ravin. C’était terrible, j’en avais le souffle coupé. Cette chute démontre que tout ce qu’on a échafaudé peut être détruit en un rien de temps. C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte qu’il faut relativiser les choses. Le sport, c’est toute notre vie mais une carrière dépend parfois de peu de chose. Après cette chute, j’ai été frappé par la force de caractère du coureur. Il n’a pas mis longtemps pour remonter sur le vélo. Il a repris les entraînements en Espagne pour bénéficier de condition climatique plus clémente. Il s’est réinventé pour revenir et reprendre au plus vite à la compétition. J’espère qu’il aura en 2021 des résultats à la mesure de son courage.»
Sa personnalité de l’année
Le «Belge»
«Je n’en sortirais par une mais je dirais le «Belge», en référence à la crise sanitaire. Dans tous les secteurs, que ce soit le monde sportif, l’Horeca, les soins infirmiers, il s’est dégagé une solidarité entre les personnes qui est à mon sens propre à la Belgique. La crise a permis de ressouder pas mal de liens dans la société. On le voit aujourd’hui encore avec les gestes posés par de nombreuses personnes envers le personnel des soins de santé en cette période de fête et les appels à acheter local. Une majorité de personnes font tout pour s’en sortir malgré de grosses difficultés pour certains, pour que cette crise soit derrière nous. Il était important que le sport professionnel puisse reprendre, le football, le tennis et le cyclisme pour en citer que ces trois sports. Cela offre la possibilité aux personnes intéressées de suivre ces activités sportives à la télévision et de s’enthousiasmer pour les exploits sportifs.»
Son souhait pour 2020
Prendre part aux JO
«Une participation aux Jeux. Les gros tournois qualificatifs annulés l'année dernière sont reportés cette année, il sera important d'être en forme au bon moment. Je devais reprendre la préparation en janvier mais je sais déjà que le tournoi en Estonie est annulé et il est certain qu'il y aura un peu moins de tournois en 2021 qu'il n'y en avait en 2020. Les mois de mars et d'avril seront très importants, c'est à cette période que va se jouer la qualification. Pour l'instant, je suis à la limite de la qualification, je suis juste derrière le dernier qualifié. Le joueur néo-zélandais qui est juste devant moi compte 26 points de plus. Ce n'est rien si l'on tient compte qu'un quart de finale à l'Open de Belgique peut rapporter 2 200 points. Je dois aussi tenir compte des joueurs qui sont derrière et qui veulent me dépasser au classement mondial où j'occupe la 97e place.»
Son souhait pour la société
Retrouver une vie normale
«Comme beaucoup de monde, j’espère que nous pourrons retrouver une vie normale, que l’année 2021 nous permettra de laisser la crise sanitaire derrière nous dans la vie de tous les jours et sur le plan sportif. Beaucoup de sportifs ont été à l’arrêt en 2020, j’espère qu’ils pourront recommencer la pratique sportive. Au niveau du badminton, les tournois ont été annulés dès le mois de mars 2020. Mon souhait est qu’ils puissent être programmés à nouveau, comme avant, pour permettre à tous de recommencer. Je pense aussi à mes parents qui jouent. Ils sont affiliés au club de Nivelles. Je souhaite qu’ils puissent profiter à nouveau de leur sport favori.»
Son fait insolite
Il cuisine dans sa chambre d’hôtel
Maxime Moreels voyage beaucoup en temps normal. Les mesures sanitaires obligent ces sportifs de haut niveau à s'adapter aux nouvelles règles comme par exemple la fermeture des restaurants en compétition. Cette fermeture a des conséquences que l'on n'imagine pas pour ces sportifs logés dans les hôtels. Ainsi, lors des derniers championnats d'Europe des mixtes qui se sont déroulés du 10 au 12 décembre à Aartselaar en Belgique. Maxime Moreels, privé de restaurant, s'est mis à cuisiner dans sa chambre: «Après avoir réfléchi, je n'ai pas eu d'autre choix que de préparer mon repas dans ma chambre. J'ai acheté un poulet rôti au supermarché. J'ai même cuisiné du riz avec mon rice cooker. Tout cela, à minuit, après les rencontres.»