Le cow-boy et la limace
Un titre qui paraphrase Jean de La Fontaine pour résumer l’affaire d’un conducteur fort irascible et violent.
- Publié le 14-08-2019 à 06h31
Jonathan M., 32 ans, de Tilly, roule à Court-Saint-Étienne dans une rue où la vitesse est limitée à 50 km/h. Devant lui, Dorian G. respecte la limitation, ce qui a le don d’irriter voire d’exaspérer celui qui le suit.
Et voilà notre Jonathan traduit le 19 juin dernier en correctionnelle pour répondre de la prévention considérée comme grave d’entrave méchante à la circulation. Il se montrera volubile voire emporté alors que Dorian reste assis sagement sur le banc réservé aux parties civiles.
Les deux protagonistes confirment donc leur comportement au volant. Trois fois, le substitut D'Huart utilisera le terme de «cow-boy» pour qualifier l'attitude du prévenu pour lequel il finira par faire preuve d'indulgence en ne requérant qu'une modeste peine de travail, 120 heures qui a été accordée. «Je pourrais demander la confiscation de votre véhicule», tonna-t-il alors que le prévenu esquivait le vent du boulet: «Je ne me rendais pas compte de la gravité de la chose et je présente mes excuses», conclut-il après avoir revu le film de son agitation.
Trois fois il doubla la limace qui le précédait avec coups de klaxon, appels de phares et gestes significatifs. Trois fois il bloqua l'autre avant de redémarrer et de freiner. Il finit par grimper sur le capot de la voiture et par arracher le rétroviseur gauche. Dorian parvint à redémarrer, envoyant l'autre au sol. «Sa roue est passée à quelques centimètres de mon visage», précisa Jonathan. «C'est ça, c'est vous la victime!» répliqua le substitut.
Le tribunal s’est montré clément. S’il n’a pas ordonné la confiscation du véhicule, c’est parce que le prévenu en a besoin pour exercer son métier dans le secteur des parcs et jardins.