"Faire vite" avec les analphabètes: la pression des pouvoirs publics pointée du doigt
L’ASBL Lire et Écrire s’inquiète de la politique de la rentabilité qui lui est imposée. Une source d’insécurité pour les apprenants…
- Publié le 08-09-2017 à 06h00
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Le 8 septembre, c’est la journée internationale de l’alphabétisation. L’occasion pour l’ASBL «Lire et Écrire» de rappeler la persistance de l’illettrisme et, aussi, de mettre l’accent sur les problématiques rencontrées. Cette année, le mouvement d’éducation permanente pointe la politique de rentabilité qui lui est imposée par les pouvoirs publics. De manière générale, le secteur de l’alphabétisation est sommé de faire vite. Les exigences politiques sont cependant difficilement compatibles avec celles liées au temps nécessaire et indispensable pour apprendre.
«Le simple citoyen a conscience que cela prend du temps d'apprendre à lire et à écrire mais, paradoxalement, les pouvoirs publics font peser une menace sur ce temps pourtant bien nécessaire», remarque Jean Péters, coordinateur au sein de l'ASBL.
De plus en plus, le secteur se voit imposer des quotas d’heures de formation, des contrôles accrus et des obligations de résultat qui ne tiennent pas compte, dit-on chez «Lire et Écrire», des réalités de l’alphabétisation, de la multitude de situations de vie et de projets personnels. Sans oublier le climat d’insécurité et d’angoisse que cela peut engendrer parmi les apprenants. D’autant que, pour certains, le maintien ou l’acquisition de certains droits est en jeu.
L'ASBL s'en inquiète et elle le fait savoir au travers une campagne intitulée Apprendre à lire et écrire à l'âge adulte, ça prend du temps et c'est possible. Elle entend lutter contre la remise en cause des valeurs spécifiques liées aux formations, axées sur une pédagogie adaptée aux adultes.
Ces formations ont plus que jamais du sens. En Brabant wallon, on estime toujours le nombre d’analphabètes à environ 30 000 personnes. Soit un peu moins de 10% de la population.
«Ce chiffre reste approximatif, entre autres parce qu'il est plus délicat d'admettre ses difficultés sociales dans notre province que dans certaines autres régions, souligne Jean Péters. L'illettrisme touche majoritairement les classes défavorisées, mais la classe moyenne n'est pas épargnée non plus.»
En Brabant wallon, «Lire et Écrire» distille des cours d'alphabétisation dans sept localités: Nivelles, Tubize, Braine-l'Alleud, Genappe, Ottignies, Mousty et Perwez. Chaque année, entre 300 et 350 personnes suivent les formations. «La fréquentation est stable depuis dix ans. Mais, de toute façon, nous ne sommes actuellement pas en mesure d'accueillir davantage d'apprenants.»
Vite dit
En campagne
Durant sa campagne, qui sera lancée officiellement ce vendredi, l'ASBL « Lire et Écrire Brabant wallon » distribuera 2 000 sets de table reprenant le slogan Apprendre à lire et à écrire, ça prend du temps et c'est possible ! dans différents lieux de la province. Ces sets reprennent également un QR code donnant accès à un micro-trottoir réalisé pour l'occasion.
L'association sera par ailleurs présente le 17 septembre à la journée « Semons des possibles », à Louvain-la-Neuve, le 1er octobre à la fête des Solidarités à Braine-l'Alleud et le 21 octobre aux « Mondes de Nivelles ».
Ce sera l'occasion pour elle de sensibiliser le grand public à la problématique de l'illettrisme.
47 % de Belges
Les chiffres montrent que la fréquentation des différentes formations assurées par l'ASBL sont suivies à environ 47 % par des Belges, à 41 % par des ressortissants étrangers hors Union Européenne et à 13 % par des ressortissants étrangers issus de l'Union Européenne.
Indispensable volontariat
L'ASBL s'appuie, pour l'ensemble de la province, sur 20 travailleurs et autant de volontaires. Sans ces derniers, elle ne serait pas en mesure de couvrir le territoire comme elle le fait actuellement.
Vite dit