Le beau magot de la stripteaseuse
Une stripteaseuse hérite d’une assurance groupe d’un ami, mais elle ne paie pas les droits de succession et l’argent s’évapore.
Publié le 26-11-2012 à 07h00
Peu banal, le dossier examiné en correctionnelle à Nivelles. Une femme, qualifiée de stripteaseuse par les parties civiles, bénéficie d’une manne céleste de 946 000€, produit d’une assurance groupe souscrite par une relation qui décède le 17octobre 2006 et qui l’a désignée par disposition testamentaire. Voilà qui, en net, représente 809 000€ sur lesquels il s’impose de payer des droits de succession qui, en Région wallonne, se montent à 80% lorsque l’on n’est pas héritier direct. Le notaire chargé de la succession transmet la déclaration en mars 2007 et invite l’intéressée à s’acquitter de ses obligations.
Deborah H., 33 ans, de Wavre, soutient n'en avoir été avertie qu'en septembre 2007 alors qu'elle a rapidement versé les honoraires réclamés par le notaire. Entre le 2février et le 17septembre 2007, elle a opéré divers transferts d'un montant supérieur à 400 000€ sur les comptes de la société de son mari Marc L., 51 ans, en grande difficulté financière et dont la faillite sera prononcée en octobre 2010. Qui plus est, le 13septembre 2007, Deborah retirera 300 000€ en liquide qu'elle mettra «dans un coffre, près d'Enghien».
Elle est poursuivie pour organisation frauduleuse d’insolvabilité et tous deux doivent aussi répondre d’infraction fiscale, ne pas avoir payé les droits de succession.
Ils s'en défendent. «On croyait naïvement que l'on pouvait disposer de cet argent, on ne savait pas qu'il fallait payer des droits de succession. On n'a ni volé ni braqué une banque…»
Aujourd’hui, ils exploitent deux centres d’esthétique pour lesquels ils ont obtenu du tribunal de commerce de Nivelles le bénéfice de la PRJ (procédure de réorganisation judiciaire) qui statuera sur la question le 3 décembre.
L’affaire ne se limite pas à ces deux prévenus. Sur le banc des parties civiles, les héritiers du généreux défunt, soit sa mère (92 ans) et ses deux sœurs contre lesquelles l’État s’est retourné après avoir constaté qu’il n’avait pas reçu un eurocent de la succession. Elles réclament à chacune 25 000€ à titre de dommage moral car, pendant plus de deux ans, elles n’ont plus pu avoir la libre disposition de leurs biens sur lesquels l’État avait voulu mettre le grappin.
Jugement le 10décembre.