Le Bon Samaritain condamné
Une sexagénaire s’était rendue, tremblante,au commissariat à la suite de sa rencontre avec un automobiliste qui « voulait lui venir en aide… »
Publié le 31-05-2011 à 07h00
La dame qui se trouvait sur le banc de la partie civile à l’audience du lundi 9 mai dernier n’en revenait toujours pas de ce qui lui était arrivé. C’était uniquement à titre symbolique qu’elle se constituait.
Le 12février 2010, alors qu'elle part chercher son petit-fils à l'école, la sexagénaire emprunte le ring ouest vers Ittre. À hauteur du carrefour avec la E19, elle est talonnée par un véhicule qui se fait de plus en plus menaçant. Au bout de 200 mètres, elle freine pour céder le passage comme le prévoit le sens de la circulation, mais le conducteur tempête et klaxonne. Il finit par la dépasser et lui barrer la route en se mettant en oblique d'un brusque coup de frein. L'individu sort et l'interpelle vivement: «Tu vas avoir ma main sur ta gueule, espèce de handicapée !»Et autres amabilités.
Devant le tribunal, le prévenu, SteveN., un habitant d'Hennuyères âgé de 27ans, avait tenu un discours plutôt étonnant lors de son audition: «Je suis toujours là pour aider mon prochain sur la route. Elle avait brûlé un Stop, je trouvais ça dangereux quand on conduit avec un enfant dans sa voiture. Et cette dame avait un feu stop arrière défectueux, je voulais la prévenir.»
«Pour aider votre prochain, vous avez très peu atteint votre objectif puisque madame est directement allée voir la police en état de choc après votre rencontre, lui avait signalé la juge Martine Baes. Et d'après l'enquête, les feux stop de madame étaient en parfait état de fonctionnement.»
Pour achever le tableau, la juge avait relevé que le casier judiciaire de Steve N.contenait déjà deux condamnations ainsi qu'une déchéance du permis de conduire. «Ce sont des petites condamnations. Je ne suis pas un danger public sur la route. Je roule en camion 44 tonnes et je fais 500km par semaine dans Bruxelles. Je n'ai jamais eu d'accident en septans.»
Le substitut Hendrickx a estimé que celui qui se faisait passer pour un Bon Samaritain avait réécrit l’histoire à sa façon. L’état de choc de la victime est la preuve de ses mensonges. Il a réclamé 10 mois.
Ce lundi, le tribunal a donné raison à la plaignante et prononcé une peine de huit mois avec sursis et une amende de 550€ à l’encontre du généreux routier qui espérait un acquittement.¦