Les jeunes choristes du SRJ Les Tilleuls d’Hévillers préparent leur grand concert (vidéo)
La chorale Equinox des enfants du SRJ Les Tilleuls, à Hévillers, se réunit tous les lundis soir. Ces enfants fragilisés par les méandres de la vie plongent ainsi dans un univers de bienveillance où la musique leur ouvre des horizons inespérés.
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Publié le 28-04-2023 à 21h29 - Mis à jour le 28-04-2023 à 21h31
Il n’est pas encore 17 h 45 et déjà les premiers choristes se pressent devant la porte de la salle dédiée au chant tous les lundis en fin de journée. Grand sourire et énergie maximale déployée, Mélanie Rihoux accueille ses jeunes recrues.
Aujourd’hui, elle n’est pas seule à s’occuper d’eux. Claryana Sotero, pianiste professionnelle, endosse le rôle de l’accompagnatrice comme elle le fait une fois par mois lors des répétitions. Une seconde paire d’yeux, d’oreilles, et deux mains de musicienne professionnelle supplémentaires, voilà qui n’est pas de trop pour seconder Mélanie, la cheffe de chœur. Et c’est parti pour deux heures et demie de chant choral avec trois groupes qui se succèdent, des enfants et des ados, entre 8 et 15 ans.
"J’ai appris à tolérer qu’il y ait du bordel, mais je refuse de faire de la musicothérapie"
L’entreprise demande fermeté, patience et bonne humeur, mais pas que cela. Car les enfants qui vivent au SRJ (service résidentiel pour jeunes) d’Hévillers ont un parcours psychosocial compliqué. Certains sont des enfants placés sur décision judiciaire, d’autres ont des troubles du comportement, et/ou un léger retard mental. "Le ressenti des émotions est multiplié par dix chez ces jeunes, explique la directrice du SRJ, Jany Serverius. Et leurs émotions se manifestent sans filtre. Ce n’est pas facile de capter leur attention. Un rien peut les faire décrocher. Ils sont assez imprévisibles."
Si les difficultés des uns et des autres sont nombreuses, cela n’entame en rien l’enthousiasme de la cheffe de chœur: "J’ai appris à tolérer qu’il y ait du bordel, mais je refuse de faire de la musicothérapie, sourit Mélanie Rihoux, chanteuse lyrique professionnelle et cheffe de chœur engagée par l’ASBL Equinox. Je ne suis pas informée des difficultés des uns et des autres et c’est mieux. À moins que cela concerne la chorale, je n’ai pas besoin de savoir. Il y a suffisamment de gens qui les encadrent pour tout ça ici. Si un jeune vient me parler, je l’écoute mais je ne m’immisce pas dans ses problèmes. Je reste extérieure."
La chorale du SRJ est née en 2017. Elle n’est qu’une des six chorales déployées par l’ASBL Equinox depuis 10 ans en fédération Wallonie-Bruxelles (lire ci-contre). L’ASBL emploie trois professionnels de la musique pour diriger ses chorales: Zeno Popescu, Ricardo Müller et Mélanie Rihoux. Ce qui les mobilise, c’est leur conviction et leur foi personnelle dans le projet.
La musique, comme un pansement sur le cœur
Car ce rendez-vous fait du bien au cœur et allège le quotidien de certains jeunes, comme en témoigne Illias (15 ans), un fidèle de la chorale, au timbre de baryton, qui s’est également mis au piano en autodidacte pour pouvoir s’accompagner lorsqu’il chante: "Ça me fait du bien de venir ici, je ne pense à rien. Ici, j’ai l’impression d’être moi, et il n’y a que quand je chante que je peux être comme ça. Quand je chante, je casse les codes, et ça me fait du bien."
Elina, 14 ans, acquiesce: "Je chante depuis 8 ans avec ma maman. Je suis ici depuis un an à la chorale et quand je chante, j’oublie un peu tout le reste. Je rêverais d’en faire mon métier".
La directrice de l’institution se réjouit de cette aventure dont bénéficient quelques jeunes internes: "Il y a des enfants qui ont peu confiance en eux, qui se dévalorisent facilement, explique Jany Serverius. Leur participation à cette chorale leur permet de se prouver des choses: ils peuvent retenir des paroles d’une chanson, retenir une mélodie… C’est bon pour leur confiance en eux."
En concert sur la grande scène du Spott, en septembre
Les concerts bisannuels devant les parents et les éducateurs participent de cette dynamique. Mais cette année, une nouveauté s’annonce. C’est LE moment tant attendu que les choristes préparent dès à présent. Les 23 et 24 septembre, ils se produiront pour la première fois sur la grande scène du Spott (ex-centre culturel d’Ottignies), en compagnie des choristes du Petit Ry, un chœur de 80 personnes qui a en commun avec eux d’avoir la même cheffe de chœur.
" Nous préparons trois chants que les deux chorales feront ensemble, et ensuite un solo pour certains choristes des Tilleuls, dit Mélanie Rihoux. Ce sera une première pour eux, mais je suis très confiante. En général, lors des concerts, les enfants sont très stressés, mais très concentrés aussi. Les éducateurs sont à chaque fois scotchés de voir ce que les jeunes arrivent à sortir lors de ces spectacles."
Grâce à ces concerts donnés en interne, les rendez-vous musicaux hebdomadaires des jeunes du SRJ ont fait des émules à Hévillers, chez les voisins: les adultes des Acacias (service d’accueil de jour pour adultes handicapés) venaient voir les concerts donnés en fin d’année scolaire par leurs jeunes voisins. Depuis septembre dernier, une nouvelle chorale, dirigée par Ricardo Müller, a vu le jour. Elle réunit une quinzaine d’adultes, chaque lundi, aux Acacias.