Lasne : le personnel de la Résidence Belle Alliance est à bout de souffle
Un piquet de grève était organisé ce vendredi matin devant la MRS Résidence Belle Alliance. Le Setca dénonce un sous-effectif croissant et un management malveillant.
Publié le 20-01-2023 à 20h31
:focal(545x417.5:555x407.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QG6QVYWJFFCFJJUSHF6CS2LWA4.jpg)
Maison de repos et de soins, la Résidence Belle Alliance, du Groupe Orpea, a ouvert ses portes en mai 2020 dans un contexte difficile à cause du Covid. Le sous-effectif concernait au départ le secteur des soins. La secrétaire permanente Setca BW, Claudia Reckinger, dépose une plainte à l’AViQ en janvier 2022, sans savoir que deux jours plus tard paraîtrait le livre Les Fossoyeurs, de Victor Castanet, aux Éditions Fayard, résultat de trois années d’investigations dans des Ehpad d’Orpea en France. Suite à cette plainte, le groupe dégage un budget pour 2,5 équivalents temps plein en aide logistique. Claudia Reckinger complète: "Orpea a aussi écarté son directeur local de l’époque. Nous ne savons pas pourquoi, il n’a jamais posé de problème. Il faisait ce qu’il pouvait avec ce qu’il avait. Depuis lors, une nouvelle directrice le remplace."
Cependant, la situation ne s’améliore pas. Le manque de personnel concerne aussi désormais la cuisine et l’entretien. "Cela fait plusieurs mois qu’on essaye de dénouer ces problèmes, poursuit Claudia Reckinger. On en a parlé à la directrice régionale, on en a parlé en CPPT, en conseil d’entreprise aussi, mais rien ne change."
« Elle insulte les travailleurs... »
Le Setca reproche aussi à la nouvelle directrice son " management malveillant. Elle insulte les travailleurs, elle taille des costumes à des travailleurs qui sont là depuis plus de quinze ans. Récemment, deux employés ont choisi de partir. Il y a un vrai risque psychosocial. J’ai peur pour certains travailleurs et notamment pour une représentante du personnel qui, aujourd’hui, est suivie psychologiquement à cause des conditions de travail et du harcèlement dont elle fait l’objet de la part de la direction.
J’interpelle sur la situation depuis le mois de septembre. J’ai eu des conversations à tire-larigot avec le DRH, on a encore eu une réunion de la dernière chance le 12 janvier, où j’ai tout expliqué en long, en large et en travers. J’ai déposé un dossier avec des témoignages de travailleurs, rien ne bouge ! Nous demandons maintenant qu’ils prennent leurs responsabilités. Il faut un autre management. "
Suite à la réunion du 12 janvier avec la direction, qui n’a pas permis de débloquer la situation, le syndicat socialiste a déposé un préavis de grève. Il souligne que l’action menée ce vendredi par ses délégués et les travailleurs non prévus à l’horaire – le personnel prévu assurait un service à l’intérieur – a reçu le soutien de la CNE, qui dénonce également la situation dans l’établissement.
"Nous avons ici un management malveillant et je ne comprends plus l’attitude d’Orpea, qui a tous les éléments en main, qui dispose des dossiers que nous avons déposés. Je ne sais pas à quoi ça sert de les rencontrer encore: ils sont au courant et rien ne bouge", ajoutait encore sur place ce vendredi Claudia Reckinger.
« Il y a beaucoup d’émotion… »
Présent vendredi à Lasne, Olivier Carette, CHRO (Chief Human Resources Officer) d’Orpea Belgique, a assuré que les procédures de recrutement sont bel et bien en cours et aboutiront à la fin de la semaine prochaine. En ce qui concerne les accusations d’incompétence et de harcèlement de la part de la nouvelle directrice, il estime qu’ "il y a beaucoup d’émotion parce que c’est un conflit principalement interpersonnel. Il y a un certain nombre de griefs entre deux personnes qui font partie du management et donc, cela impacte les équipes. C’est dommageable, regrettable, et on y travaille. Dans le préavis de grève déposé par la Setca est prévue une réunion en conciliation auprès de la Commission paritaire 330. Nous serons autour de la table."
Quant aux risques psycho-sociaux: "Aujourd’hui nous avons fait appel à Mensura, service de conseil en prévention et sécurité externe, pour une analyse des risques psycho-sociaux sur l’ensemble du personnel, sur l’ensemble de la résidence. Les éléments que j’ai en main ne sont pas à 100% factuels ou suffisamment étayés pour qu’à très court terme on puisse prendre une décision tranchée. Nous aurons ainsi une vision objective de la situation."