La chauve-souris, insecticide naturel redoutable
Ce samedi 28 août, c’est la Nuit européenne des chauves-souris. L’occasion pour Natagora de nous inviter à découvrir ce petit être ailé encore trop mal-aimé.
Publié le 27-08-2021 à 05h01
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Rien n'y fait: les chauves-souris traînent encore et toujours leur mauvaise réputation. «Elles restent considérées comme des animaux peu sympathiques. Une fois, on a fait un sondage auprès d'une centaine de personnes. 95% d'entre elles se disaient favorables à la protection de la nature. Mais quand on parle des chauves-souris, il n'y avait plus que 50% des répondants favorables à leur protection. Leur image de marque péjorative leur colle à la peau», constate Frédéric Forget, président du pôle Chauves-souris de Natagora.
Dès lors, pour redorer le blason de ces mammifères volants, l'association de défense de la nature et ses partenaires participent, une nouvelle fois, à la Nuit européenne des chauves-souris. L'opération se tient ce samedi 28 août. «La sensibilisation reste le meilleur moyen de conscientiser à l'importance des chauves-souris.»
«La pipistrelle dévore quelques milliers d’insectes par nuit»
Car elles sont importantes. «Ce sont des alliés très précieux au niveau de l'agriculture notamment. Ce sont de formidables insecticides naturels: la petite pipistrelle, l'espèce la plus répandue en Belgique, dévore quelques milliers d'insectes par nuit. Les chauves-souris ont donc un rôle remarquable pour réguler les populations d'insectes.»
Et le président du pôle Chauves-souris de Natagora de citer une étude réalisée aux États-Unis. «Ils ont pris deux champs de maïs. Sur l'un, ils ont mis un filet, la nuit, pour empêcher la chasse nocturne des chauves-souris et sur l'autre, rien. Ils ont ensuite calculé la différence de rentabilité entre les deux champs et ont extrapolé les résultats à l'échelle du pays: ils sont arrivés à plus de 3 milliards de pertes en l'absence des chauves-souris.»
En Belgique, il y a 23 espèces de chauves-souris présentes dont la pipistrelle, l'oreillard, le murin de Daubenton, le vespertilion ou la sérotine. «Si dans les années 30, on prend un facteur 10 pour les populations des différentes espèces de chauves-souris, on est descendu à 1 dans les années 50 à cause de l'intensification de l'agriculture. Il y a eu un véritable effondrement des populations, tant en termes de nombres que d'espèces. Puis on remonte petit à petit. On devrait être à plus ou moins 3 actuellement. Mais cela pourrait ne pas durer. Avec les néonicotinoïdes, ces nouveaux insecticides, on remarque que les populations d'insectes s'effondrent, ce qui n'est pas sans conséquence sur les chauves-souris.»
Un avenir sombre
Au niveau mondial, l'horizon est plutôt sombre pour ces petits êtres ailés. «Aux États-Unis, les chauves-souris souffrent de la maladie du nez blanc, une maladie importée accidentellement d'Europe. Si les espèces semblent ici être immunisées contre elle, elle fait des ravages là-bas. C'est un peu comme lorsque les colons européens sont arrivés dans les Amériques avec leurs maladies contre lesquelles les populations locales n'avaient pas de défense. La perte d'habitat est aussi catastrophique pour les chauves-souris. La forêt équatoriale est la plus riche en termes de diversité d'espèces. Mais elle disparaît de jour en jour. Les populations de chauves-souris se réduisent un peu partout dans le monde.»
D'où l'importance d'une opération comme la Nuit européenne des chauves-souris pour faire prendre conscience de leur importance et des menaces qui pèsent sur elles. En Brabant wallon, trois rendez-vous sont proposés, à Mont-Saint-Guibert, Lasne et Ittre (inscription obligatoire). Ils débuteront par une partie plus didactique pour mieux appréhender ces bêtes, comment elles vivent, se déplacent, etc. Puis les participants sortiront pour une balade nocturne. «Elles restent des animaux sauvages, mais on choisit des sites, comme les étangs, où il y a de nombreux insectes. Ainsi, on est quasi sûr d'en voir. Peut-être pas les 23 espèces présentes en Belgique mais au moins 2», assure Frédéric Forget qui conseille de s'équiper d'une lampe de poche.
Où voir les chauves-souris?
En Brabant wallon, trois rendez-vous sont proposés par Natagora dans le cadre de la Nuit européenne des chauves-souris (inscription obligatoire).
À Mont-Saint-Guibert, une projection vidéo est prévue à 20 h à la maison communale (Grand'Rue, 39) avant une sortie à l'étang de Bierbais (privé). Inscription via https://forms.gle/aivQV4Yhp6Mj2vK68.
À Lasne, les amoureux de la nature sont attendus à 19 h 30 à l'internat de l'athénée de Rixensart (1, chaussée de Rixensart, à Lasne) pour une projection vidéo suivie d'une sortie à la réserve de Renipont. Inscription: environnement@lasne.be ou 02 634 18 02.
À Ittre, une sortie nocturne est prévue de 19 h 30 à 21 h 30 au parc du château d'Ittre (rue de la Montagne, 5). Inscription: mj.arias@ittre.be ou 0486 58 71 36 (Marie-José Arias).