Geneviève Hayet ne supportait pas que sa mère lui fasse des reproches
La cour d’assises a assisté à l’audition de l’accusée hier matin. Dans un discours entrecoupé de nombreux pleurs et de trous de mémoire, elle a relaté les faits, depuis son enfance.
Publié le 13-03-2020 à 06h06
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Les faits:
Geneviève Hayet, 58 ans, est accusée d'avoir mis fin aux jours de sa maman, dans la nuit du 24 au 25 mars 2018 au Chemin du Gros Tienne à Lasne. Nelly Wéry avait 84 ans. Pour le code pénal qui ne connaît pas le matricide, c'est un parricide. L'accusée vivait chez sa mère. Elle est en aveux d'avoir commis ces faits, qui se sont déroulés dans un contexte d'abus d'alcool et de médicaments. La cour d'assises du BW est chargée de la juger.
Il apparaît qu’entre mère et fille, les relations étaient conflictuelles depuis toujours, ou presque. Le papa décède alors que Geneviève Hayet a 15 ans. Dès ses 16 ans, elle boit de l’alcool tout en prenant les anxiolytiques qu’on lui prescrit. La suite est une longue descente aux enfers.
«J'ai toujours vu des psychiatres. J'ai été suivie pour avoir abusé de médicaments et internée plusieurs fois. J'ai aussi fait des cures pour arrêter de boire. À chaque fois, je rechutais et je retournais habiter chez ma mère…»
Selon sa propre expression employée à répétition dans ses cahiers intimes, sa vie est «une vie de merde». Son mal de vivre est infini et sa mère en fait les frais, en première ligne. Les disputes entre les deux femmes sont fréquentes, et la police connaissait le problème. Deux notices étaient ouvertes pour coups et blessures à charge de la fille, en 2015 et en 2016. Geneviève Hayet ne supportait pas que sa mère lui fasse savoir que son mode de vie lui déplaisait.
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Malgré tout, la vieille dame, chaque matin, prenait son caddie et partait en bus faire ses courses chez Aldi à Genval. Elle y achetait quatre ou cinq cannettes de bière pils de 50 cl pour sa fille. Et elle courait de pharmacie en pharmacie pour lui trouver ses médicaments. Depuis des dizaines d’années…
Qu’est-ce qui a, dès lors, changé, entre elles, fin mars 2018? Le manque d’argent est la première hypothèse.
«En novembre 2017, je suis sortie d'une cure à la clinique de la Forêt de Soignes et je suis revenue chez maman, a expliqué hier Geneviève Hayet. J'ai pris sa carte de banque et je l'ai utilisée, je n'avais jamais fait ça. J'ai acheté de l'alcool et des médicaments. Je ne lui ai pas rendu la carte, et j'ai retiré beaucoup d'argent de son compte épargne. Elle a déposé plainte, alors je lui ai avoué que c'était moi… mais j'avais honte. Et elle m'a promis que cela resterait entre nous.»
Mais Nelly Wéry ne se taira pas. Avisés, son autre fille et ses deux beaux-fils décident de mettre les finances de leur mère et belle-mère à l’abri. Ils ouvrent un compte à vue pour elle et n’y versent que 150€ par semaine. L’accusée est contrariée. Elle reproche à sa mère de faire corps avec les trois autres, contre elle. La visite de son beau-frère, le matin du drame, pour apporter 100€ à la maman, atteste du manque d’argent dans le «ménage». C’est le début d’une journée tragique...