Peine de 5 ans définitive pour escroqueries
Entre 2012 et 2018, une arnaqueuse a réussi à filouter une dizaine de victimes pour un butin global de 300 000€.
Publié le 22-11-2019 à 07h29
«Le culot paie!» C'est ce que se sont dit les enquêteurs qui ont eu à connaître du dossier de la prétendue Elvina Edgerton, soi-disant née à Genève en mars 1964 et de nationalité anglaise. Cette date est probablement le seul élément vrai dans la montagne d'escroqueries, d'abus de confiance et de faux dans son chef. Elle est, en fait, de nationalité roumaine et s'appelle Simona Maria Beju. Le 13 mars dernier, le tribunal correctionnel de Nivelles l'a condamnée à 4 ans d'emprisonnement ferme pour 21 préventions. Sans sourciller, elle a relevé appel et a écopé de 5 ans secs, en juillet dernier. Son pourvoi en cassation vient d'être rejeté et cette peine est définitive, désormais.
Cette chaîne d’infractions sans fin ou quasi a pris cours au moins en février 2012, période où elle s’est installée en Brabant wallon. Son arrestation, le 27 juillet 2018, a mis un terme – provisoirement en tout cas – à ses agissements culpeux qui ont fait des ravages à Lasne et à Waterloo, principalement.
Son modus operandi? Plumer un maximum de pigeons et leur soutirer le maximum aussi, via de fausses qualités, de prétendus contacts à haut niveau et à l’aide de faux courriels en pagaille.
Son plus gros coup: 266 000€
Son plus gros coup reste une escroquerie réalisée entre septembre 2013 et juin 2018, au préjudice d’un couple qui a été délesté de 266 000€. Elle a réussi à convaincre mari et femme d’investir dans la réalisation d’un investissement pour un projet de recherche et de développement – fictif – qui devait soi-disant être vendu à la Commission européenne. L’arnaqueuse avait obtenu de loger gratuitement au domicile des pigeons, d’utiliser leur véhicule, d’en louer un autre à leurs frais et de soutirer des avances pour effectuer des achats pour son propre compte, toujours sous son nom d’emprunt. Ce petit jeu va durer près de cinq ans.
Elle obtiendra des crédits à une station Lukoil dont elle a arnaqué le gérant pour quelque 5 000€. Elle aura une table dans un fin restaurant de Plancenoit où elle laissera une ardoise de 8 000€. Dans un garage, elle prendra en location une Hyundai Tucson, prétendument dans l’attente d’une Jaguar F-Pace, commandée dans ce même garage. Pour réaliser ce coup-là, elle a fait parvenir un courriel adressé soi-disant par un avocat aux titres ronflants et dont le cabinet serait établi à Jersey. L’objectif était de rassurer le vendeur quant au paiement prochain d’un acompte pour la Jaguar.
«Votre cerveau ne fonctionne pas»
Le dossier fourmille d'autres filoutages qu'on vous épargne. Voyons plutôt le style adopté lors des interrogatoires qui vaudra à la prévenue une prévention supplémentaire du chef d'outrage. Elle commence par qualifier la juge d'instruction d'«incompétente» et de «paresseuse».
Avec les verbalisants, le ton sera encore plus incisif. Elle ira d'un «Vous êtres inconsistant et inculte, vous n'y connaissez rien» ou de «Je vous explique de vous n'êtes pas capable» ou encore de «Votre cerveau ne fonctionne pas, vous êtes débile et rustre».
Notons enfin cette autre sortie: «Oui, j'ai d'autre chose à faire, si c'est pour écouter des conneries […] Nous allons avancer autrement, avec une personne plus compétente que vous». Au culot, toujours au culot.
Ce qu’elle pense des juges d’appel ne doit pas être triste non plus. En plus des 5 ans secs, la cour a ordonné la confiscation de 306 000€ sur ses avoirs. Fin du chapitre et à bientôt pour d’autres aventures.