Assises du Brabant wallon : le jury devra répondre ce jeudi à 20 questions
Lombaerts coupable d’un seul assassinat ? De Staerke simple complice pour deux faits ? Les avocats de la défense ont plaidé sur la culpabilité.
Publié le 24-05-2023 à 21h13 - Mis à jour le 24-05-2023 à 21h15
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Après avoir bouclé les auditions de témoins, la cour d’assises du Brabant wallon est passée ce mercredi dans une autre phase du procès de Fabien Lombaerts et de René De Staerke. Les jurés ont entendu durant toute la journée les plaidoiries et les réquisitions sur la culpabilité des deux accusés, poursuivis pour quatre homicides de SDF commis à Bruxelles et à La Hulpe durant l’été 2018. Si l’avocat général considère après huit jours de procès que les deux quadragénaires se sont rendus coupables de quatre assassinats – lire ci-dessous –, ce n’est pas la thèse développée par les avocats de la défense.
Ainsi, pour Fabien Lombaerts, Me Ricardo Bruno, après avoir précisé qu’il avait l’impression d’entamer la plaidoirie la plus difficile de sa carrière, a concentré ses arguments sur la notion de préméditation. Celle-ci différencie le meurtre de l’assassinat et selon la thèse de l’avocat, on ne peut reprocher à son client qu’un seul assassinat.
Quand Lombaerts a tué Pascal Crabbé dans le parc Moeraske à Evere en compagnie de Michaël Degrave – il tuera aussi ce dernier par la suite –, le duo avait prévu de commettre ce crime bien avant de passer à l’acte. C’est pour cela que la victime, un SDF qui ne quittait guère le centre de Bruxelles, a été emmenée jusque dans cette réserve naturelle où il y avait très peu de passage. La défense de Lombaerts concède qu’il serait assez logique, pour ces faits, de retenir la préméditation…
Mais ce ne serait pas le cas pour les autres homicides. Que ce soit pour la mort de Giacchino Pignato dans les bois de La Hulpe, celle de Michaël Degrave à l’arrière du centre commercial Docks Bruxsel à Schaerbeek ou celle de Frédéric Degrom sous un quai de la gare de La Hulpe, rien n’aurait été prémédité.
"Ne le diabolisez pas plus"
Fabien Lombaerts, qui a déjà été condamné en 2004 par la cour d’assises du Hainaut pour avoir mortellement poignardé une dame âgée, a un caractère "explosif". À l’époque des faits, tout comme ses victimes, il faisait partie du milieu des SDF, avec ce que cela implique de consommation d’alcool et de stupéfiants, et de disputes violentes au départ de broutilles.
Si l’accusé est désormais en aveu d’avoir étranglé trois de ses compagnons d’infortune avec sa ceinture, il aurait donc agi dans le feu de l’action, et "dans l’improvisation la plus totale". Ni les victimes, ni les lieux où les faits se sont produits n’auraient fait l’objet d’une réflexion préalable, pour les avocats de la défense. "Monsieur Lombaerts est peut-être l’assassin de Pascal Crabbé mais le meurtrier des trois autres: ne le diabolisez pas plus, ce n’est pas nécessaire", a plaidé Me Bruno.
Quant à l’avocat de René De Staerke, il considère que le niveau intellectuel de son client ne permet de toute façon pas de parler de préméditation dans son chef. Pour ses défenseurs, tout en étant présent sur les lieux des quatre crimes, l’accusé n’a posé aucun acte positif qui a causé directement la mort des victimes. Pour deux des quatre faits seulement, on peut lui reprocher de n’être pas intervenu, une abstention qui aurait en quelque sorte encouragé Lombaerts. Il faudrait donc le considérer non pas comme un auteur, mais comme un simple complice. Et l’acquitter pour les deux autres homicides…
4 fois 5 questions
Ce jeudi après un dernier mot des accusés en début de matinée, les jurés devront trancher en répondant, pour chacun des quatre crimes, à cinq questions portant sur ces notions de participation en tant qu’auteur, coauteur ou complice et de préméditation. Vingt questions en tout, donc, pour fixer définitivement les responsabilités et passer ensuite aux peines à infliger aux accusés.