Un diagnostic de psychopathie pour l'un des deux accusés
La cour d’assises a entendu vendredi le psychologue et le psychiatre qui ont examiné les accusés. Pas de troubles mentaux détectés, mais…
Publié le 19-05-2023 à 21h10 - Mis à jour le 19-05-2023 à 21h11
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Au sixième jour du procès d’assises de Fabien Lombaerts et René De Staerke, c’était au tour du psychiatre et du psychologue qui ont rencontré les deux accusés à plusieurs reprises de venir apporter leur éclairage aux jurés, vendredi. Lorsque ces examens ont été réalisés, il n’était question que de deux homicides, et tant De Staerke que Lombaerts niaient les avoir commis.
On sait désormais que c’est quatre crimes qui valent à ces marginaux quadragénaires de se retrouver dans le box. Et depuis la semaine dernière, Lombaerts est passé aux aveux, au moins partiellement. Il avoue en effet avoir passé une ceinture autour du cou de Gioacchino Pignato et de Frédéric Degrom, dont les corps ont été retrouvés à La Hulpe. Il a aussi reconnu avoir étranglé de la même manière son ami Michaël Degrave, dont il a abandonné le cadavre le long des voies de chemin de fer à Schaerbeek. René De Staerke, lui, convient avoir été présent pour chaque fait, mais sans participer activement.
Les aveux de Lombaerts sont-ils susceptibles de changer quelque chose aux conclusions des experts ? "Non, on a travaillé avec un déni mais cela rentre dans la ligne du fonctionnement de Monsieur Lombaerts: la vérité pour lui n’est pas très importante, c’est son avis qui compte et il l’arrange en fonction des circonstances", a considéré l’expert psychiatre.
Il est vrai que le portrait de Fabien Lombaerts dressé par les professionnels n’est guère rassurant. On le sait, cet accusé a déjà été condamné en 2004 par la cour d’assises du Hainaut à 18 ans de réclusion, pour avoir mortellement poignardé une dame âgée. Lorsqu’il a rencontré le psychiatre pour ce nouveau dossier, l’homme s’est montré fort peu coopératif. Cela s’est passé un peu mieux avec le psychologue et la conclusion générale est un diagnostic de psychopathie. Ce qui ne se soigne pas, et fait craindre la récidive…
Une alliance problématique
Pour résumer, Fabien Lombaerts n’a pas de retard mental, bien que les résultats des tests soient "limites". Il est parfaitement conscient des interdits, et de la situation dans laquelle il se trouve. Il ne souffre pas d’un trouble mental, mais c’est sa personnalité antisociale qui est problématique. Les psys décrivent un fonctionnement transgressif, de l’agressivité, une froideur et une absence de remords. Son estime de lui-même est élevée et son manque d’empathie confine au mépris de l’autre. Il contourne les règles en connaissance de cause.
Une caricature de délinquant d’habitude, mais les professionnels ont précisé que même parmi la population carcérale, poser un tel diagnostic n’est pas courant…
René De Staerke ne souffre pas, lui non plus, d’un trouble mental. Son profil n’est pas du tout le même: il est décrit comme détaché du monde extérieur, indifférent aux autres et à lui-même, sans affectivité. Il ne cherche pas trop les relations, ni au niveau familial (lire ci-dessous), ni sur le plan sentimental. Il s’agit d’une personnalité "schizoïde", selon les experts.
Un meneur qui aime faire du mal et terroriser son monde, flanqué d’un suiveur qui se fiche de tout ce qui pourrait arriver ? La juge d’instruction a demandé aux psys de se pencher sur le fonctionnement de ce binôme. Les professionnels estiment que dans leur style radicalement opposé, les deux accusés sont finalement assez complémentaires, chacun se servant de l’autre. Lombaerts le narcissique se positionne en leader malveillant et violent, tandis que de Staerke l’utilise pour se protéger du monde et éviter de faire des choix. "Une alliance problématique et dangereuse", ont résumé les psys.