La Hulpe/Bruxelles : "Je n’ai jamais touché cette ceinture" martèle René De Staerke devant la cour d’assises du Brabant wallon
Lombaerts maintient sa nouvelle version concernant la mort de Giacchino Pignato à La Hulpe en 2018. De Staerke, lui, redit n’avoir rien fait.
Publié le 15-05-2023 à 21h09 - Mis à jour le 15-05-2023 à 21h15
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La cour d’assises du Brabant wallon entend depuis vendredi les enquêteurs qui détaillent le travail effectué pour chaque corps de SDF retrouvé, et dont on soupçonne que la mort a été donnée par les accusés Fabien Lombaerts et René De Staerke. Une enquête portant sur quatre homicides, difficile parce que les victimes ont été retrouvées parfois longtemps après leur décès, mais aussi parce que les faits se déroulent dans le milieu des SDF auquel appartiennent les quatre victimes mais aussi les accusés et la plupart des témoins.
Des gens difficile à localiser, menant une existence chaotique sur fond d’alcool et de drogue, et dont la règle d’or est de se taire même lorsqu’ils savent quelque chose, a résumé la juge d’instruction bruxelloise Berta Bernardo-Mendez. Celle-ci a coordonné l’enquête sur le premier corps retrouvé, celui de Pascal Crabbé, découvert le 10 août 2018 dans le parc Moeraske à Evere.
Devant la cour d’assises, Fabien Lombaerts et René De Staerke ne nient plus avoir été présents lors du crime. Le premier affirme qu’il a regardé celui qui a commis ce geste fatal, et qui serait son ami Michaël Degrave. Sans risque d’être contredit par l’intéressé, dont le corps a été retrouvé à Schaerbeek en novembre 2018. Il avait été étranglé par… Fabien Lombaerts qui est en aveu de ce fait depuis vendredi dernier.
Lombaerts affirme que René De Staerke a également vu la scène. Tandis que celui-ci affirme qu’il se tenait à l’écart, certes en surplomb du lieu où l’homicide a eu lieu mais d’après lui, la végétation ne lui permettait pas de voir convenablement. De plus, il se tenait en bordure d’un petit chemin et a parlé avec un passant pendant que le drame se produisait quelques mètres plus bas.
"Est-ce que ça ne s’appelle pas faire le guet ?"
"Fabien m’avait dit de rester en haut", a-t-il expliqué ce lundi devant les jurés, confirmant aussi la conversation engagée avec un promeneur. "Est-ce que ça ne s’appelle pas faire le guet ?", a suggéré le président. La réponse de De Staerke a été brève: "Oui".
La cour d’assises a aussi examiné avec les enquêteurs, ce lundi, le volet du dossier qui concerne la mort de Giocchino Pignato. Son crâne avait été découvert le 13 novembre 2018 dans un bois situé le long de l’avenue Ernest Solvay, à La Hulpe. Et avec l’aide d’un maître-chien, les policiers avaient découvert le lendemain le reste, à quelques dizaines de mètres, dissimulé dans un talus. Il n’est pas exclu, vu l’état de décomposition du corps, que ce soient des animaux qui aient séparé les différentes parties du cadavre.
Après avoir présenté plusieurs versions édulcorées, Lombaerts a avoué pour la première fois, vendredi, avoir étranglé la victime avec une ceinture. Mais en précisant qu’alors que Gioacchino Pignato vivait encore, il avait eu "mal aux bras", et avait donné la ceinture De Staerke pour terminer le travail.
"Pourquoi Monsieur De Staerke a-t-il pris le relais ?"
Lundi après-midi, les images de la reconstitution réalisée en octobre 2020 ont été projetées. À ce moment-là, Lombaerts affirmait encore que René De Staerke avait tout fait, pour se venger d’insultes proférées par la victime. Le président lui a donc demandé de répéter sa nouvelle version devant les enquêteurs. Ce qu’il a fait, précisant même qu’il se trouvait derrière la victime lorsqu’il a serré la ceinture autour de son cou. "Pourquoi Monsieur De Staerke a-t-il pris le relais ? Vous lui avez demandé de le faire ?", a tenté le président. Réponse de l’accusé: "Non, j’ai juste tendu la ceinture".
Invité à réagir, De Staerke a répondu que tout était faux, que Lombaerts n’avait relâché la pression qu’une fois la victime décédée. "Je n’ai jamais touché cette ceinture", a-t-il répété.