Cour d’assises du Brabant wallon : Fabien Lombaerts et René De Staerke, deux accusés vraiment très opposés…
Lombaerts, déjà condamné en assises en 2004, nie avoir tué un SDF dans un parc d’Evere. De Staerke, sans antécédent, se contredit sans cesse…
Publié le 11-05-2023 à 21h35 - Mis à jour le 11-05-2023 à 21h36
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Fabien Lombaerts et René De Staerke doivent s’expliquer devant la cour d’assises sur quatre homicides de SDF commis en 2018 en région bruxelloise et en Brabant wallon. Mais jeudi, au premier jour de leur procès à Nivelles, ils n’ont donné leur(s) version(s) que sur un seul des faits. Après la récusation surprise d’un juré (lire ci-dessous) et la lecture de l’acte d’accusation, la journée a surtout été consacrée à l’interrogatoire des accusés à propos de leur personnalité.
Et on ne peut vraiment pas dire que les profils soient identiques, bien que leur histoire commence de manière similaire avec une enfance malheureuse et des parents alcooliques.
"Toutes les bières possibles"
De Staerke, 43 ans, avoue entre les lignes être réticent à l’effort. Il a cessé sa scolarité tôt et sans diplôme, n’a jamais véritablement travaillé, et a passé beaucoup de temps dans les hébergements sociaux, se baladant dans Bruxelles, buvant "toutes les bières possibles", et jouant à la pétanque pour passer son temps. Il n’a jamais eu de petite amie et bien que vivant en marge de la société, il n’a pas d’antécédents judiciaires.
Tout le contraire de Fabien Lombaerts, dont il a fait la connaissance au Home Baudouin, une maison d’accueil pour hommes à Bruxelles, et dont il semble être devenu le "suiveur". Lombaerts a accumulé les "conneries" dès sa minorité, volant ses camarades de l’enseignement spécial au Malgras à Nivelles, se faisant virer des centres, se retrouvant en IPPJ à Wauthier-Braine…
À 20 ans, il vivait de larcins et faisait partie d’une bande qui sévissait aussi bien à Bruxelles qu’à Charleroi. Et c’est dans la cité carolorégienne que le 24 août 2002, il a donné des coups de couteau à un couple de septuagénaires qui avait eu le malheur de tenter de ne pas se laisser dévaliser en rue. La dame est décédée le lendemain à l’hôpital, et Lombaerts a pris 18 ans de réclusion devant la cour d’assises du Hainaut, en avril 2004.
Il a purgé dix ans avant d’être libéré conditionnellement. Il a alors vécu une vie agitée, parfois en couple – notamment à Nivelles où il émargeait au CPAS -, parfois à la rue ou dans des foyers. Une vie émaillée de bagarres en rue, avec des voisins ou des compagnons d’infortune, qui ont fini par lui valoir une révocation de sa libération conditionnelle.
"Un bien grand mot"
L’homme a précisé jeudi devant les jurés ne pas être violent. Bon, d’accord, il a parfois pratiqué le combat de rue, ou défoncé la porte d’un voisin à coups de couteau… Et avoir frappé une ex ? "C’est un bien grand mot, a-t-il répondu au président qui l’interrogeait sur le sujet. C’était une claque qu’elle méritait…"
Lorsque le premier des faits reprochés aux deux accusés a été abordé, le président a tenté de confronter leurs versions à propos de la mort de Pascal Crabbe, un SDF dont le corps a été retrouvé le 10 août 2018 dans le parc du Moeraske à Evere.
Lombaerts, qui a longtemps tenté de balader les enquêteurs sur ce premier volet du dossier, a concédé qu’il était présent le jour des faits. Mais il a martelé que c’était un autre SDF, Michaël Degraeve, qui avait frappé la victime jusqu’à ce que mort s’en suive. En étant sûr de ne pas être contredit: Michaël Degraeve est un des trois autres SDF dont on le soupçonne d’avoir ôté la vie. Son cadavre a été retrouvé le long des voies de chemin de fer à Schaerbeek, en novembre 2018…
Qu’en dit De Staerke, qui était aussi dans le parc d’Evere le jour des faits ? Difficile à résumer, si ce n’est qu’il ne s’implique pas. Ses réponses aux questions du président, jeudi en fin de journée, constituaient une longue suite de contradictions, de souvenirs flous et de silences gênés.