Sanisol : Y a-t-il des métaux lourds dans le sol de votre potager ?
La Région octroie une prime de 50 € pour faire analyser le sol de son potager. En Brabant wallon, c’est le Centre provincial de l’agriculture et de la ruralité, situé à La Hulpe, qui les réalise.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/FH4PBL5SMZGRZDU5IOTMP5NIOY.jpg)
Publié le 21-03-2023 à 15h17
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TDPXV77M5VGPZPHFG5YYLQGIM4.jpg)
Le sol de votre potager est-il pollué aux métaux lourds ? Pouvez-vous manger sans risque les légumes que vous faites pousser ? Depuis 1,5 an, la Région wallonne propose une prime de 50 € pour encourager les particuliers à réaliser une analyse de sol de leur potager dans le cadre de son projet Sanisol.
Les métaux lourds présents dans le sol peuvent en effet se retrouver dans les légumes qui seront mangés. Dès lors, la Région a lancé ce projet "pour évaluer les risques sur la santé humaine et donner des recommandations", indique Malorie Renneson, première attachée spécifique du Centre provincial de l’agriculture et de la ruralité situé à La Hulpe. En Brabant wallon, c’est ce centre qui est chargé des analyses de sol.
Qu’on se rassure : la qualité des sols dans notre province est globalement bonne. "Il y a peu de pollutions par rapport à d’autres régions en Wallonie car il n’y a et il n’y avait pas beaucoup de grosses industries polluantes, poursuite Malorie Renneson. Avec nos analyses, nous recherchons la présence de zinc, de plomb, de chrome, d’arsenic, de nickel, de cuivre et de cadmium. Pour certains, comme le cadmium, nous n’avons jamais rien détecté."
La pollution la plus fréquemment rencontrée en Brabant wallon : celle au zinc
En 2022, le laboratoire a procédé à 89 analyses de sol pour des particuliers. "Plus ou moins une analyse sur cinq révèle une présence de zinc supérieure à la norme de risque de la Région wallonne. C’est la pollution la plus fréquemment rencontrée. Par rapport aux autres métaux, ce n’est pas le plus dangereux pour la santé."
L’origine de cette pollution peut être historique, c’est-à-dire héritée du passé, ou liée à des activités à proximité. "Le zinc vient des gouttières, des toitures, d’une bassine, par exemple. Cela peut aussi être dû à la présence d’un chemin de fer proche du potager."
La détection de plomb ou de chrome à des valeurs supérieures aux normes est "plus rare. Le plomb peut venir de l’utilisation de peintures au plomb. Ou, si on est proche d’une route fréquentée, de l’essence au plomb, même si elle a été interdite il y a une vingtaine d’années. Mais le plomb s’est accumulé dans le sol et la présence des métaux lourds est généralement stable dans le temps."
Des recommandations personnalisées
Une fois les données de l’analyse reçues, les particuliers sont invités à les rentrer dans l’outil web Sanisol, avec, si besoin, l’aide du centre provincial. L’outil délivre alors des recommandations personnalisées pour adapter le potager et les pratiques.
Des recommandations d’ordre plus générales sont aussi données pour réduire l’exposition aux métaux lourds comme privilégier la production de légumes-fruits (tomates, aubergines, courgettes, concombre, potirons...) qui ont tendance à moins accumulé les polluants du sol par rapport aux légumes-racines (radis, carottes, navets, betteraves…). Ou encore laver soigneusement les légumes du potager avant de les manger, éplucher les tubercules et les légumes-racines, éliminer les parties abîmées des légumes-feuilles, se laver les mains après avoir travaillé dans le potager… Du bon sens donc.
En cas de sol pollué, il est conseillé de privilégier les cultures potagères "hors sol" en s’assurant que les bacs en bois utilisés sont bien isolés du sol.
Des conseils concernent aussi les enfants : porter des gants pour travailler dans le potager, éviter qu’ils ne portent leurs mains à leur bouche, privilégier le jeu dans les zones enherbées du jardin… Là aussi, du bon sens.
Parmi les particuliers qui ont demandé une analyse de sol auprès du Centre provincial de l’agriculture et de la ruralité, certains soupçonnaient une pollution tandis que d’autres, ayant un potager ou envisageant d’en créer un, étaient simplement curieux et ont profité de la prime qui couvre plus ou moins la moitié du coût de l’analyse.
L’échantillon de sol est composé de prélèvements réalisés, idéalement, en une quinzaine d’endroits de la zone qu’on souhaite analyser, sur 25 centimètres de profondeur. "Pour ne pas le contaminer, il ne faut pas utiliser une vieille pelle rouillée, sourit Malorie Renneson. On peut prêter une sonde de prélèvement et si besoin, on a une équipe de préleveurs, mais c’est une étape simple à réaliser."
Et pourquoi pas aussi réaliser une analyse de fertilité du sol ?
Si une pollution est détectée, il est possible de faire réaliser une analyse d’un légume ou d’un fruit, avec là aussi, une aide régionale de 50 €. "Mais ce n’est pas notre centre qui se charge de ces analyses-là. De même que nos analyses ne concernent pas les hydrocarbures ni les pesticides, précise Malorie Renneson. Par contre, en parallèle à l’analyse de sol, on peut réaliser une analyse de sa fertilité. On peut alors conseiller sur les apports à donner. En Brabant wallon, le sol est généralement limoneux et donc assez fertile. Les potagers sont d’ailleurs souvent trop riches, trop fertiles, ce qui peut amener une baisse de rendement. On conseille alors de ne pas utiliser d’engrais. Le coût de cette analyse de fertilité est de plus ou moins 20 €, mais il est vite rentabilisé."
environnement.sante.wallonie.be/home/expert/projets/sanisol.