«Gonzague», un produit du BW «où tous les gens ne sont pas riches»
S’il a inventé des dizaines de personnages, l’humoriste Richard Ruben a construit sa notoriété avec «Gonzague», né en Brabant wallon.
Publié le 09-12-2017 à 08h00
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En plus de 20 ans de carrière, l’humoriste la hulpois, Richard Ruben, a créé une dizaine de one-man-show.
Dès ses débuts dans les années 90, il séduit le public avec son incontournable personnage de Gonzague, un type BCBG, toujours propre sur lui et à l'accent bourgeois exacerbé. «Gonzague est un peu né en Brabant wallon, à l'EPHEC, pendant mes études en sciences économiques, explique Richard Ruben. Je devais avoir 23 ans. J'avais dans ma classe un type un peu snob qui s'appelait Gonzague. Le prénom est resté. Son personnage est pour moi une manière de narguer ceux qui se la pètent parce qu'ils ont de l'argent et du sang bleu.»
Un cliché souvent associé au Brabant wallon. «C'est vrai, parce que bon nombre de Bruxellois ont décidé de s'expatrier vers cette région mais il y en a ailleurs. Il est évident qu'on retrouve moins de Gonzague en province de Liège qu'en Brabant wallon!»
«Gonzague a grandi avec moi»
Pour construire son personnage, Richard Ruben n'a fait qu'observer la société dans laquelle il a vécu. «J'ai assisté à quelques dîners un peu coincés, traîné dans des bars et c'est parti de là, explique ce natif d'Uccle. Mais Gonzague a évolué au fil des années. Il a grandi avec moi. Il y a 15 ans, il était une petite tête-à-claque qui crachait la Golf de sa mère, il est aujourd'hui un Che Guevara qui ose dire ce que je pense tout bas. Il est le garde-fou d'une société. Et puis, le Gonzague d'aujourd'hui n'est plus ce qu'il était car les gens ont moins d'argent. La classe moyenne est en train de disparaître. Il est devenu un peu pathétique – comme on est tous – en frimant avec ses photos de ski sur Facebook mais en n'ayant plus un balle en poche.»
Avec ses expressions devenues des grands classiques comme «Tu connais, tu connais, dis?» ou «allez quoi?», Richard Ruben est fier d'avoir amené quelque chose au patrimoine belge. «Il y a des jeunes de 14-15 ans qui parlent de Gonzague sans même savoir qui je suis!, sourit-il. Je suis content de ça, de ce phénomène de masse. Je préfère que la Belgique soit divisée en Gonzague et en Baraki qu'en Wallons et en Flamands.»
Même s'il n'est qu'un personnage parmi bien d'autres lors de ses spectacles, Gonzague a toujours autant la cote. «Il apparaît 10 minutes sur 1 h 30 mais le public l'attend toujours avec beaucoup d'impatience. Il fait un carton, c'est sûr », conclut l'humoriste.