Jodoigne: «Pièce manquante», ou quand le grand âge ne rime plus avec naufrage
Claire de Viron publie « Pièce manquante », son deuxième roman. Une histoire basée sur un récit de vie, où le grand âge n’est plus un naufrage.
Publié le 18-06-2022 à 07h07
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"Tout part de l’histoire" , disait l’acteur Jean Gabin, à qui on demandait ce qui fait un bon film. C’est précisément ce qui fait la réussite de Pièce manquante , le roman de Claire de Viron, avec ce petit plus que son récit s’est inspiré de la fin de vie d’un proche. Écoutons-la. "Un jour, raconte cette Piétrinoise de 68 ans, quand je suis allée lui rendre visite dans une maison de soins, il était en colère, amer, désabusé. Mais alors que sa vue baissait et que sa respiration s’essoufflait, il devenait de plus en plus lucide et nuancé. Lui qui avait longuement œuvré à l’entrée du Royaume-Uni dans l’Europe voyait son rêve s’écrouler par la faute du Brexit."
Il en faut plus, toutefois, pour faire un bon roman. La faille, il faudra aller la chercher du côté d’un amour de jeunesse, inabouti, qui va ressurgir au soir de la vie de Charles, brusquement puis doucement, en s’imprégnant de musique ancienne – un madrigal de Claudio Monteverdi. Lui qui se voyait mourir seul va revenir sur son passé, ses amis, ses amours. Et, soudain, ne plus vouloir se laisser aller.
Claire de Viron va alors mêler trahison, jalousie et retrouvailles, au travers de la vie de Charles et de ses trois amis. Le roman s’articule comme un puzzle dont il manque une pièce, que le lecteur va découvrir par doses homéopathiques. C’est bien pensé, bien écrit, avec une volonté évidente de l’auteure d’insister sur le besoin de dignité des personnes âgées qui ont été placées. La démonstration est légère, quelquefois teintée d’humour, non exempte de nostalgie. Amour passé, quand tu nous tiens…
«Pièce manquante», de Claire de Viron, 146 pages, éditions Academia, 15€.