Un automobiliste avait renversé un migrant: «J’espère vraiment que c’est un Arabe»
Un automobiliste écrase un cycliste et ne s’arrête pas. Pire. Il s’en vante par SMS. «J’espère vraiment que c’est un Arabe…».
Publié le 08-09-2021 à 19h31
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L’accident a lieu le 31 mars 2019 vers 22 h 30 le long de la chaussée de Hannut, à 300 mètres du centre Fedasil où réside Riad, un demandeur d’asile âgé de 39 ans et originaire d’Algérie.
Celui-ci roule à vélo en direction d’Hannut, porteur d’un gilet fluo. On est certes en pleine soirée, mais la visibilité est bonne, ainsi que le noteront les policiers arrivés une demi-heure plus tard.
Ils découvriront une pièce du rétroviseur de la voiture. Elle permettra d’identifier Kevin G., un Français âgé de 25 ans, domicilié à Orp-Jauche. Deux jours plus tard, un agent de quartier apercevra une voiture Opel Astra sans rétroviseur.
Le rapport de l’expert judiciaire est clair: le cycliste était visible et prévisible à au moins 150 mètres sur une route où la vitesse est limitée à 70 km/h. L’automobiliste, qui roulait dans la même direction, devait circuler à une vitesse comprise entre 110 et 125 km/h.
Percutée de plein fouet, la victime fut projetée sur le pare-brise puis traînée sur plusieurs dizaines de mètres. Aucune trace de freinage ne fut relevée.
Le parquet retint à sa charge les préventions d’homicide involontaire, non-assistance à personne en danger, délit de fuite.
Le dossier fut examiné lors de l’audience du tribunal de police de Nivelles (section de Wavre) le 16 juin dernier. Une peine de dix-huit mois de prison avec déchéance de deux ans fut requise.
Me Mayence plaida la requalification en homicide volontaire assorti de la circonstance aggravante du mobile discriminatoire. Il basa sa plaidoirie sur la teneur des mails échangés peu après les faits entre l’automobiliste et sa petite amie à qui il venait de raconter ceux-ci.
«T'as chopé un Arabe?», s'inquiéta-t-elle. Pour toute réponse, il lui adressa une émoticône «mort de rire» suivie, une heure plus tard, de «J'ai peur, j'ai peut-être tué un Belge.»
Emoticônes à l'appui, elle répliqua «Tu viens de me tuer là, mon chéri. Tuer un Belge, c'est grave, mais tuer un Arabe, c'est balek» («tu t'en fiches»). Il conclut la conversation le lendemain matin. «J'espère vraiment que c'est un Arabe, parce que je m'en voudrais toute ma vie.»
Le jugement est tombé ce mercredi: deux ans de prison dont la moitié avec sursis probatoire (un suivi psychologique), une déchéance de deux ans avec sursis pour moitié et obligation de représenter les quatre examens requis (théorique, pratique, médical et psychologique).
Le tribunal s’en est tenu à l’homicide involontaire. L’automobiliste a reconnu une faute d’attention, il consultait un message qui venait de tomber sur son GSM. Il crut d’abord avoir renversé un animal.
Le mobile discriminatoire n’a pas été retenu: l’échange des SMS choquants est postérieur à l’accident. L’automobiliste devra payer 15 000 euros à l’épouse de la victime, 11 000 à son père, 6 000 à sa mère, 1 800 euros à son demi-frère.