Ittre : du cannabis pour faire un gâteau… en prison
Poursuivi pour avoir détenu près de 40 gr de cannabis dans sa cellule, un prévenu explique qu’il comptait… cuisiner un "space cake".
Publié le 09-05-2023 à 22h13 - Mis à jour le 09-05-2023 à 22h14
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Si deux préventions pour détention de cannabis au sein de la prison d’Ittre valaient à un trentenaire de se retrouver cette semaine sur le banc des prévenus du tribunal correctionnel, il devait en réalité s’expliquer sur deux saisies effectuées le même jour
Le 5 septembre dernier, lorsque les gardiens sont entrés dans sa cellule un peu avant 7h du matin, ils ont remarqué une forte odeur de cannabis, et ont voulu procéder à une fouille. L’homme a tenté de refuser, et leur a remis un paquet contenant 19 grammes de cannabis. Il pensait sans doute s’en tirer comme cela mais les gardiens sont revenus vers 11 h, et ils ont trouvé à peu près la même quantité encore, que le détenu avait tenté de cacher dans son entrejambe.
"Quand ils sont revenus, j’ai donné la deuxième partie de ce que j’avais, a-t-il confirmé devant tribunal correctionnel. Je ne me voyais pas tout donner la première fois, parce que je fume pas mal…"
La présidente a tenté de savoir comment l’homme s’était procuré une telle quantité en prison. Mais comme d’habitude dans ces circonstances, le détenu a refusé d’en dire plus. Aujourd’hui détenu dans un autre établissement – il purge une peine de neuf ans d’emprisonnement qui arrive à son terme –, il a expliqué qu’il fumait encore près de quatre joints par jour.
"Allier l’utile à l’agréable"
Lorsqu’il avait été entendu pour ce qui s’est passé à Ittre, il avait évoqué la fabrication d’un "gâteau" et la présidente a voulu savoir de quoi il s’agissait. L’homme a confirmé que ce que les gardiens ont saisi la deuxième fois était destiné à fabriquer un "space cake", c’est-à-dire un gâteau au cannabis. Ce qui n’est pas manqué d’interpeller la magistrate. "Mais vous faites ça dans votre cellule ? Parce que c’est plus discret ?", s’est-elle étonnée.
Réponse presque rigolarde du prévenu. "Oui, cela m’arrive… J’avais un four dans la cellule, et les ingrédients. Ce n’est pas plus discret, non, c’est plutôt histoire d’allier l’utile à l’agréable… Je sais que j’ai un problème de dépendance, mais la prison n’aide pas…"
L’avocate de la défense a enchaîné sur ce thème. Pour elle, que les stupéfiants circulent en prison est un fait. Et la seule réponse apportée est la répression, avec des sanctions disciplinaires voire un nouveau passage en correctionnelle, alors que les demandes de suivi des détenus, elles, débouchent généralement sur une inscription sur une très longue liste d’attente. Pas de moyens…
"Quelle est la capacité d’une personne de se réinsérer dans la société si, en fin de peine, en prison, elle détient encore de telles quantités de stupéfiants ? s’est indigné le ministère public. Ce fameux gâteau devait sans doute être partagé mais monsieur ne veut rien dire…" Une peine d’un an d’emprisonnement a été requise, avec l’amende minimale qui est de 8 000 €.
"Oui, les stupéfiants en prison sont un fléau, a convenu l’avocate de la défense. Mais sans mesure de prévention, sans suivi pour les détenus, on crée les conditions de la récidive !"
Le jugement sera rendu le 22 mai.