"Les Larmes de Nietzsche" au Théâtre de la Valette
Un face-à-face jubilatoire entre le philosophe Friedrich Nietzsche et le docteur Josef Breuer, mentor du jeune Sigmund Freud. Au Théâtre de la Valette, à Ittre, jusqu’au dimanche 13 mars.
Publié le 12-02-2022 à 06h06
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Vienne, fin du XIXe siècle. Une période de bouillonnement intellectuel qui voit apparaître les premiers balbutiements de la psychanalyse, de Freud, inspiré par les travaux de l’éminent médecin Josef Breuer, le premier à parler de méthode cathartique (talking cure).
La pièce narre la rencontre imaginaire de ce Docteur Josef Breuer et du philosophe Friedrich Nietzsche, au bord du suicide. Réunis par une femme qui dit craindre pour l’avenir de la philosophie allemande, les deux hommes se rencontrent et scellent un pacte. Intrigués et fascinés l’un par l’autre, les deux intellectuels conviennent de se revoir pour s’entraider: l’un, Nietzsche, souffre de migraines; l’autre, Breuer, est dangereusement obsédé par l’une de ses patientes. Ensemble, ils vont expérimenter ce qui donnera naissance à la psychanalyse.
De leur rencontre naîtra une forte amitié, mais avant cela, leurs échanges seront durs et même bouleversants, jusqu’à changer leur vision respective de la vie.
C'est à Michel Wright que l'on doit le texte de la pièce Les Larmes de Nietzsche, adaptation d'Et Nietzsche a pleuré, roman paru en 2007 et signé par le psychiatre américain Irvin Yalom. Également à la manœuvre pour la mise en scène, le directeur de la Valette a créé la pièce avec succès en 2016 à la Comédie Claude Volter (Bruxelles).
Aussi tactiques que des déplacements sur un jeu d’échecs, les échanges entre le philosophe et le médecin offrent la richesse d’une réflexion philosophique autant qu’une plongée dans la psychologie de Nietzsche. Dans la salle, on retient son souffle, on compte les points, et on regrette parfois de ne pas avoir un bouton "Pause" à disposition, tant la réflexion est dense. En chacun, les réflexions philosophiques résonnent et interpellent, une fois les lumières rallumées.
La densité du texte réclamait une interprétation de haut vol. Elle l’est, et même plus. Littéralement fondu dans la peau d’un Friedrich Nietzsche irascible et tout en mal-être, Marc De Roy fait montre d’une présence scénique sans faille. Il est aidé par l’envergure impeccable de son challenger, Jean-Philippe Altenloh, un Docteur Breuer au tourment profondément humain. Isabelle Roelandt et Giulio Greco complètent ce casting cinq étoiles et sans fausse note. La partition écrite par Michel Wright propose une mise en scène tellement fluide et juste qu’on en oublie presque qu’elle est écrite. Bref, l’alchimie est fascinante. Courez les voir!
Du 10 au 27 février et du 10 au 13 mars. www.theatrelavalette.be