Avis nécrologique pour un théâtre
Ultime refus de subsides pour le théâtre de la Valette, à Ittre. La décision est synonyme de fermeture pour ce théâtre rural auquel les habitants sont attachés depuis 30 ans.
Publié le 06-08-2021 à 06h00
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Le couperet est tombé fin juillet: la ministre de la Culture Bénédicte Linard (Écolo), a refusé la demande d’aide au projet introduite par le théâtre de la Valette d’Ittre pour 2022. Loin d’être anodine, cette décision a une conséquence définitive pour ce petit théâtre de 100 places qui faisait battre le cœur du village d’Ittre depuis plus de 30 ans. Il va devoir fermer ses portes à la fin janvier 2022.
La décision du cabinet de la ministre de la Fédération Wallonie Bruxelles était très attendue par la direction du théâtre qui vivait au jour le jour depuis que son dernier contrat-programme avait été rejeté. Les deux dernières saisons avaient finalement été subsidiées à hauteur de 120 000€ chacune. Cette fois, les 125 000€ du plan pluriannuel, qui devaient permettre au théâtre de la Valette de survivre pendant un an, lui ont été refusés et c’est une institution qui s’écroule.
La direction du théâtre de la Valette est amère et ne comprend pas cette volonté de fermeture d’un pôle culturel dans une région, l’Ouest du Brabant wallon, où il n’en existe pas d’autres.
«Il faut que l'on m'explique pour quelles raisons nous sommes refusés, réagit Michel Wright, le directeur de la Valette, également professeur au Conservatoire de Bruxelles et à l'IAD. Pourquoi cette volonté de fermer un théâtre en parfait ordre de marche, un fournisseur d'emplois, aux finances saines et au rayonnement incontestable? Que sont les 125 000€ sollicités au regard des 800 000€ octroyés à des théâtres bruxellois?»
«Nous sommes à Ittre, pas à Bruxelles ici!»
Fondé en 1988 par le comédien Leonil Mc Cormick, le théâtre de la Valette est un théâtre de province, rural, qui rassemble un public fidèle. La nouvelle direction qui avait su s’entourer de personnalités attachées à ce petit théâtre, avait récemment renouvelé son Conseil d’administration et assainit sa comptabilité.
«Nous avons rempli toutes les cases du cahier des charges, insiste Michel Wright. Nous programmons des accueils et des créations de spectacles, comme exigé. Mais la commission remet en cause la qualité culturelle et artistique de notre projet. En clair, nous ne sommes pas assez pointus. Mais la Valette n'est pas un lieu de théâtre expérimental. Le public souhaite tout le contraire! Nous ne sommes pas à Bruxelles ici!»
Confronté à l'arbitraire apparent des décisions, le directeur s'avoue vaincu. «J'ai fait tout ce que je pouvais. Mais je pense qu'il y a une volonté de fermer les petits théâtres. Seule la ministre peut encore décider de revoir cette décision et nous sauver.»