A Haut-Ittre, la ferme Jolly se lance dans le bambou
La ferme Jolly, à Haut-Ittre, à 50% en bio depuis cinq ans, tente à présent la culture du bambou pour une entreprise basée en Italie.
Publié le 27-07-2020 à 06h00
:focal(507x341:517x331)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5PPQCBVHZJEJZJWJEYGEAU2WRI.jpg)
Qui a dit que les agriculteurs étaient conservateurs? À la ferme Jolly, à Haut-Ittre, on ne se contente pas de faire «comme avant» et de limiter la diversification aux fraises qui ont déjà une belle réputation. Si l’exploitation a 35 ans, Christophe Jolly a rejoint son père Ferdinand il y a cinq ans avec la volonté de produire «mieux», en limitant les intrants et en renouant avec des méthodes plus naturelles.
«La vision, c'est considérer notre ferme comme notre jardin, limiter certaines opérations et travailler avec la nature puisqu'elle fait une bonne partie du boulot, explique-t-il. On utilise aussi l'agro-foresterie. Ajouter des lignes d'arbres au milieu des champs augmente le nombre d'insectes et d'oiseaux qui détruisent les ravageurs, et cela limite l'érosion des sols.»
Appuyée par Biowallonie dans le processus de transition, la ferme est passée d’abord à 25% en bio, puis à 50% aujourd’hui. Mais la manière de faire est peu commune puisque les Jolly se sont associés avec cinq autres fermes d’Ittre et de Nivelles pour rassembler au total 300 hectares. Ceux-ci sont gérés de manière cohérente afin d’assurer une diversité des cultures, de garantir un volume intéressant et de mettre en place des rotations longues – jusqu’à 12 ans – sur les champs. Comme les machines utilisées en bio ne sont pas les mêmes qu’en agriculture conventionnelle, ce groupement de six fermes rend aussi les investissements moins lourds.
Une manière aussi de répartir les risques parce qu’en bio, lorsqu’on s’aperçoit d’un souci sur une culture, il est souvent trop tard.
Le maître mot, c'est anticiper. «On s'est quand même pris des gamelles, sourit Christophe Jolly. Oui, on a raté certaines cultures. Mais aujourd'hui, nous sommes ravis. Après cinq ans en bio, on est encore en phase d'apprentissage. On est à 50% bio et 50% conventionnel et on veut encore mieux maîtriser avant d'aller plus loin.»
Ce qui n’empêche pas d’innover encore: cette année, Christophe Jolly a planté un champ entier… de bambous! Une première en Belgique, en collaboration avec une entreprise italienne qui veut produire du bambou européen pour la consommation humaine, pour la cellulose et pour le bois. Un pari sur de nombreuses années: lors de la récolte du bois, les bambous seront hauts de quinze mètres. Pour l’instant, le taux de reprise et de croissance des plants après quelques semaines est prometteur…