La Valette: «Le Souper» ne va pas nous réconcilier avec nos politiques
Le Théâtre de la Valette présente «Le Souper», de Jean-Claude Brisville. Une fabuleuse joute verbale imaginaire entre Fouché et Talleyrand.
Publié le 18-04-2018 à 06h00
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C'est ce qu'on peut appeler une valeur sûre du théâtre. Depuis sa création à Paris en 1989, Le Souper, – joute verbale jouissive entre deux politiques, imaginée par Jean-Claude Brisville -, a immédiatement connu le succès. Il faut dire que la pièce était plutôt bien servie du côté de sa distribution. Portée sur les planches avec brio par deux comédiens hors normes, Claude Brasseur (Fouché) et Claude Rich (Talleyrand), elle s'était vue décerner quatre Molière en 1991.
Dès ce mercredi 18 avril, Michel Wright endosse le double rôle de metteur en scène et comédien pour cette dernière pièce de la saison à Ittre.
La pièce a déjà été jouée à La Valette il y a quelques années…
Tout à fait, il y a au moins quinze ans. C’était avec Jean-Marie Pétiniot et Léonil Mc Cormick. Mais je n’avais pas réalisé la mise en scène.
Comment avez-vous fait connaissance avec ce texte?
J’avais lu cette pièce il y a des années. C’est un chef-d’œuvre, un texte magnifiquement écrit. Il y a quelques archaïsmes de l’époque 1815, mais aussi une langue d’une fluidité totale. Ce qui fait que c’est parfaitement compréhensible de tous.
Fouché et Talleyrand se rencontrent au lendemain de la défaite de Napoléon. Paris est occupé par les troupes coalisées. Que se passe-t-il entre eux?
C’est une fiction historique, un genre que j’adore. La scène est imaginaire mais totalement plausible au regard de ce que l’on sait de l’Histoire. Talleyrand, évêque défroqué et ministre des Affaires extérieures, invite Fouché, alors président du gouvernement provisoire, à un souper pour parler de l’avenir de la France mais surtout de leur avenir à eux. Ce sont deux bêtes de pouvoir. Et leur bras de fer tourne au règlement de comptes…
Comment se fait-il qu’on ne s’ennuie jamais dans ce face-à-face?
Il y a un véritable suspens. Talleyrand était une sorte de Sacha Guitry, maître du bon mot, extrêmement éduqué mais né dans le beau monde. Fouché est un homme du peuple qui a gravi les échelons, c’est un peu le choc de la gauche et de la droite. Leur conversation est géniale. Et leur comportement n’est pas sans nous rappeler celui de nos politiques. C’est d’une actualité brûlante. Hélas.
Est-ce que l’on rit de leurs échanges?
Je l’espère! On rit de leurs bons mots et du cynisme incroyable de ces gens. Alors que tout les oppose, ils vont pactiser pour pouvoir rester au pouvoir, et remettre Louis XVIII sur le trône.
«Le Souper», avec Michel Wright, Jean-Philippe Altenloh, Geoffrey Tiquet et Valentin Gaillard. À la Valette (Ittre), du 18 avril au 13 mai. Réservations: 067 64 81 11.