De Tokyo à Ittre, le piano d'Éliane Reyes voyage
Éliane Reyes, cet incroyable talent classique, se produit dans le monde entier. Elle sera à Ittre et Louvain-la-Neuve après sa tournée en Asie.
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Publié le 13-11-2017 à 06h00
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Pianiste de grande classe et de talent, enfant prodige du piano, saluée unanimement avec trois nominations aux International Classical Music Awards, Éliane Reyes se produit plus souvent dans les prestigieuses salles de concert des capitales du monde entier qu’en Brabant wallon. Ses affinités avec la chapelle musicale de Waterloo l’amènent cependant à y faire quelques incursions dans les prochaines semaines. Petite conversation entre un récital et un départ pour l’Asie.
On ne vous voit pas souvent à la Ferme du Biéreau et là, deux dates sont programmées en novembre puis en mars. C’est un hasard?
Je n’ai plus été en représentation à la Ferme du Biéreau depuis au moins dix ans. Ces deux dates sont le fruit de collaborations avec des jeunes talents de la Chapelle musicale Reine Élisabeth.
Le premier, c’est avec Sarah Théry, une soprano, qui m’a contactée via un ami commun. Nous nous sommes trouvés des passions identiques pour l’histoire, la littérature… Et nous avons imaginé ce concert. Sarah a choisi les thèmes et les morceaux (voir encadré).
Pour le second concert, qui aura lieu en mars 2018, avec Hildegarde Fesneau, c’est un peu différent car nous sommes amies. Je l’ai fait entrer à la Chapelle musicale à Waterloo où elle est en résidence actuellement.
Et en décembre, le 17, vous serez à Ittre au Palais Plume en compagnie du violoniste Lorenzo Gatto.
Avec Lorenzo Gatto, c’est une longue histoire d’amitié. J’ai été accompagnatrice du concours Reine Élisabeth en 2005 et 2009. Et en 2009, j’ai aussi eu la chance d’accompagner Lorenzo Gatto jusqu’à la finale du concours. Ça a été une expérience formidable d’où notre amitié est née.
Ce concert a lieu dans le cadre d’un festival que vous aviez créé…
Chap’Ittre est un festival qu’on a créé avec Lorenzo il y a trois ans. Malheureusement, ce sera peut-être la dernière édition car j’ai déménagé et j’ai quitté Ittre pour Ixelles. J’habite aussi à Paris la moitié du temps. Et c’est un peu difficile d’organiser un festival à distance.
Quel est le plaisir, pour vous, d’organiser un festival?
C’est la liberté qui en découle qui est formidable. On joue avec les gens que l’on choisit, on choisit le répertoire, et puis, on a aucune pression de l’extérieur. On se fait plaisir.
Ce qui est aussi important à mes yeux, c’est de jouer dans un village, pas nécessairement toujours devant 3 000 personnes. Il est important d’aller là où il y a peu de propositions musicales. En plus, le Palais de Plume est un endroit magnifique, et nous nous réjouissons de mettre ce patrimoine en valeur.
Vous avez un agenda hyperchargé jusque fin 2018. Vous partez pour une tournée en Asie de plusieurs semaines, vous être demandée pour les concerts les plus prestigieux… Quel est votre secret?
Il y a trois mots-clés: le talent, le travail, la chance. Il faut que les trois se conjuguent pour que cela fonctionne.
Personnellement, j’ai tout misé sur ma carrière de pianiste. Depuis l’âge de trois ans, je ne fais que cela. C’est du travail, du travail, du travail. Je n’ai rien fait d’autres pendant mon enfance, je n’ai jamais eu de temps pour faire du sport, pour m’amuser avec des amies, pour sortir… Réussir, c’était une question de vie ou de mort pour moi! Au final, je devais réussir ou je ne devais pas exister, c’est simple.
Vous avez le sentiment de récolter ce que vous avez longtemps et laborieusement semé…
Aujourd’hui, ce succès, je le vis comme une consécration de tous ces sacrifices, y compris celui de ma vie privée qui n’est pas quelque chose de si facile.
Ces sacrifices, cette enfance si particulière, poussée par une maman musicienne qui ne voyait que cette voie, vous la raconterez dans un livre un jour?
Justement, plusieurs biographes m’avaient déjà fait des propositions. Et là, j’ai accepté. C’est vrai que je n’ai que 40 ans, mais j’ai 35 ans de métier. J’ai commencé à 3 ans. À 15 ans, j’étais déjà à la Chapelle musicale, puis j’ai étudié jusqu’à 28 ans. Je n’ai écouté personne, rien ne m’a détournée de mon but. Alain Trémiseau a écrit ma bio et elle sortira en septembre 2018.