La jalousie, sous toutes ses (vilaines) coutures
Trois générations de femmes blessées et pas mal de cruauté, c’est «Jalousie en trois mails». Au Théâtre de la Valette, jusqu’au 29 octobre.
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Publié le 07-10-2017 à 06h00
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Trois boxes de verre, un décor épuré, sur fond noir. Trois femmes (55 ans, 35 ans et 25 ans) se livrent une guerre sans pitié, par mails interposés. Leur mobile? Remporter le trophée, le dénommé Lazlo, homme infidèle de 55 ans et mari de la plus âgée des trois. Un homme parmi tant d’autres. On n’en voit pas le bout du nez mais on en devine la lâcheté.
Écrite par Esther Vilar, un médecin devenue écrivain et aujourd'hui âgée de 82 ans, Jalousie en trois mails est une comédie grinçante, et pas que pour les hommes. Alors qu'on ne s'y attend pas forcément, et que la situation prêterait plutôt à brandir l'étendard féministe, l'auteur nage à contre-courant, et met en avant les sournoises manipulations des femmes qui se battent pour un homme comme pour un bon morceau de viande. Elle conclut, non sans un certain cynisme, qu'en donnant tant d'importance aux représentants du sexe «fort», les femmes se dévalorisent et font leur propre malheur.
Prenant le pari de la sobriété, Rosalia Cuevas met en scène ces trois femmes avec une économie de moyens visuels. Un choix qui a l’avantage de mettre l’accent sur la finesse de l’analyse psychologique, mais peut engendrer un certain manque d’oxygène. Enfermée dans sa «case», chaque femme souffre et tourne en rond jusqu’à s’étouffer dans ses sentiments.
Pleins feux donc sur les performances de ces trois comédiennes, la jeune Marie Braam, la tonique Marcha Van Boven et la touchante Isabelle Roelandt qui s’affrontent sans jamais se regarder, et se détestent sans jamais se faire face. Non sans déplaisir – puisque c’est finalement un message d’espoir pour toutes les femmes -, on ne peut s’empêcher de constater qu’il n’y a pas qu’au jeu de la séduction que l’expérience permet de tirer au mieux son épingle du jeu.