Mejnoun : "Jamais je n’aurais tiré"
Yacine Mejnoun se présente comme un simple exécutant lors de l’évasion. Armé jusqu’aux dents, il ne voulait de mal à personne…
Publié le 11-01-2014 à 06h00
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« Je veux bien prendre mes responsabilités mais je ne balancerai pas.» Dès l'entame de son interrogatoire, l'accusé, Yacine Mejnoun a annoncé la couleur: pas question pour lui de donner des noms, comme par exemple celui de son principal complice dans l'évasion de Nordin Benallal. Cet homme surnommé «le grand costaud» par les magistrats, faute d'avoir jamais pu l'identifier, l'avait accompagné lors du braquage de la société fabriquant d'hélicoptères le 28 octobre 2007, dans le zoning de Nivelles, avant de le suivre en voiture jusqu'à la prison d'Ittre.
Yacine Mejnoun est un détenu de longue date. Il connaît les règles de discrétion en vigueur dans le milieu. Après 7 années de silence, la cour d’assises n’a donc pas été le théâtre de révélations. Son interrogatoire a cependant permis de repréciser le rôle qu’il a tenu dans l’évasion de Nordin Benallal. Il a confirmé être un des hommes qui a volé un hélicoptère à Nivelles et pris le pilote en otage dans le but de faire évader Benallal. Pour sa peine, il escomptait recevoir 15 000€. Mejnoun avait mis à profit ses congés pénitentiaires pour préparer l’opération.
Celle-ci a mal tourné: l’hélicoptère qualifié de «Fisher Price» par Benallal lui-même, ne pouvait pas transporter plus de deux personnes. Il a été déstabilisé par les détenus lors du décollage dans la cour de la prison d’Ittre et s’est écrasé, blessant gravement un prisonnier. Yacine Mejnoun a alors donné une mitraillette à Nordin Benallal. Les deux sont sortis par la porte de la prison, avec un gardien en otage.
Mejnoun s'attribue un rôle d'exécutant docile. «J'ai déconné parce que j'avais la rage contre la Justice. Je purgeais une peine de 4 ans de prison pour un car-jacking et après 33 mois de détention, je n'avais toujours pas eu les congés pénitentiaires auxquels j'avais droit.»
«Mais vous étiez armé d'une mitraillette et d'un pistolet chargés, vous avez pris un risque énorme», lui fait remarquer la présidente Massart.
«J’étais armé, c’est vrai mais jamais je n’aurais tiré, c’est pas mon style. C’est la police qui fait ça.»
La petite virée de Mejnoun et Benallal s'achèvera à Lahaye le lendemain. Benallal n'a pas les 15 000€ promis. Le vol avec violence d'une moto précipitera les gaillards dans les griffes de la police. «Des braquages étaient-ils prévus pour vous payer?»
«Je ne sais pas. Benallal avait peut-être cette idée…» Un simple exécutant, on le disait.
Benallal est venu et s'est tu
C’est contraint et forcé par l’exécution du mandat d’amener émis par la présidente de la cour d’assises vers 12h30 que Nordin Benallal s’est présenté devant le jury populaire aux alentours de 14h. Encadré par six armoires à glace de l’Escadron spécial, le roi de l’évasion n’a pas daigné retirer ses lunettes de soleil et encore moins desserrer les dents. Cité comme premier «?témoin?» dans cette affaire, le détenu est évidemment concerné au premier chef par les faits. Il a pourtant refusé de s’expliquer, priant la présidente de relire les deux déclarations qu’il avait faites aux enquêteurs à l’époque des faits.
Pour rappel, Nordin Benallal purge actuellement une peine de 10 ans. Contrairement à son complice Mejnoun -qui a eu la mauvaise idée de faire appel de la décision - Benallal a été condamné par le tribunal correctionnel de Nivelles. Devant les assises, Yacine Mejnoun risque, lui, une peine de 20 à 30 ans de réclusion.