Plus de 3 000 espèces de champignons en BW
Il fait un temps de canard. Un temps idéal pour découvrir les champignons de prairie avec un spécialiste… qui n’en mange pas.
Publié le 10-08-2011 à 07h25
Membre du Cercle de Mycologie de Bruxelles depuis de longues années, Camille Mertens est un véritable passionné de champignons. C'est d'abord par amour pour leur esthétique que cet habitant d'Ittre, photographe amateur, a commencé à s'intéresser à ces drôles de créatures. Peu à peu, sa soif de connaître l'a amené dans ce Cercle où l'on étudie les champignons… et pas uniquement pour les manger. Avec quelques amis du Brabant wallon, Camille Mertens s'attelle depuis quelques années à la rédaction d'un inventaire répertoriant les espèces que l'on trouve dans notre région. « Malgré la gloutonnerie des promoteurs immobiliers, le fait que le sol est plutôt acide ici, et que la région est peu boisée, on trouve quand même nombre d'espèces. Notre inventaire en est à 1500 décrites et reconnues à ce jour. On devrait atteindre le chiffre probable de 3000, ce qui n'est pas mal du tout. »
Des champignons, on en trouve presque toute l'année et cet été 2011 n'est pas exceptionnel. Aujourd'hui, notre spécialiste se promène aux abords du golf de Waterloo. Un endroit riche en pelouses et donc en champignons d'été de la famille des bolets et des lactaires. Pour repérer des raretés, Camille Mertens ne compte pas ses heures. Armé de son canif, d'une loupe, d'une bible du champignon et de flacons de réactifs chimiques, le mycologue se promène les yeux rivés au sol. Il se laisse guider par son instinct mais aussi par la présence de certains arbres. « Il faut connaître les arbres pour trouver les champignons. Par exemple ici, aux abords du golf de Waterloo, pousse la Russula carpini. C'est une russule assez rare, découverte à Tervuren dans les années 50, qu'on trouve uniquement sous les charmes. »
Quelques centaines de mètres en aval, le mycologue joint le geste à la parole en trouvant la fameuse russule le long du parcours foulé par les golfeurs. Un peu plus loin ce sont des peupliers blancs qui vendent la mèche. « Sous leur feuillage poussent des leccinum duriusculum ou bolet des peupliers. Une rareté chez nous. »
« Et ça se mange ? »
Après avoir ingéré des bolets bleuissants qu’ils avaient pris pour des cèpes, une vingtaine de mycologues en culotte courte ont dû être transportés aux urgences, la semaine dernière, dans le Sud-Ouest de la France.
Si on est amateur, comment s’y retrouver dans cette infinité de variétés ? Il n’existe pas de truc. La plus élémentaire prudence réclame de ne consommer que les champignons clairement identifiés comme non-toxiques, quitte à s’aider d’un livre, ou mieux, d’un guide. Car même si peu de champignons sont mortels, l’ingestion de certains peut causer de solides désagréments. Mais inutile de penser à notre spécialiste pour animer ce genre de promenade. Son savoir, il le partage volontiers, mais pas avec les « casserolards ».
« J'ai déjà servi de guide pour une balade mais les gens n'avaient qu'un mot à la bouche: « Est-ce que ça se mange ? » Moi, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Je ne fais pas la cueillette en vue du souper. Ma femme s'en plaint d'ailleurs. Chaque fois que je reviens d'une promenade, elle est un peu déçue », sourit le puriste.¦