Pourquoi a-t-il mis le feu à son matelas ?
Ce détenu de la prison d'Ittre affirme qu'il voulait se suicider en allumant un incendie dans sa cellule. Le ministère public n'y croit guère.
Publié le 19-11-2009 à 06h00
Plusieurs gardiens ont subi des périodes d'incapacité de travail après un incendie qui a ravagé une cellule de la prison d'Ittre, le 29 octobre 2007. Certains ont été intoxiqués, d'autres étaient légèrement blessés, mais le détenu qui se trouvait à l'intérieur s'en est tiré. Grâce à l'intervention des agents, mais cela n'a pas été une mince affaire.
En effet, le détenu en question a mis volontairement le feu à un t-shirt puis à son matelas, et c'est une fumée particulièrement épaisse qui a envahi la cellule. Auparavant, l'homme avait bloqué la porte au moyen de son mobilier. Pour s'ouvrir un passage, le personnel de la prison a dû utiliser... un cric ! Puis il a fallu éteindre l'incendie malgré les objets lancés sur le prisonnier. Celui-ci n'était pas décidé à se calmer, et il a été neutralisé au moyen d'un spray lacrymogène.
Heureusement, le feu ne s'est pas propagé. Mais le prisonnier doit s'expliquer devant le tribunal correctionnel pour son geste. C'est qu'on n'allume pas volontairement un incendie impunément. D'autant qu'il y a eu de sérieuses dégradations - près de 2 000 € de réparation à charge de l'État qui se constitue partie civile - et que des codétenus auraient pu être blessés. Voire pire.
Mais devant le président Collard, le prévenu affirme que s'il a mis le feu, c'est tout simplement parce qu'il voulait en finir. Plusieurs fois déjà, il aurait demandé qu'on le mette au cachot mais les gardiens n'ont rien voulu savoir. Une mise au cachot volontaire qui avait pour but d'éviter les humiliations de « l'équipe du matin ».
À savoir des gardiens qui l'obligeaient, selon ses dires, à se déshabiller entièrement pendant qu'ils retournaient tout dans sa cellule. Il était fouillé sans ménagement, et le personnel rigolait. On l'embêtait aussi en lui passant ses plateaux-repas. « On ne veut pas me laisser purger ma peine dans la tranquillité, a conclu le prévenu. J'ai été transféré plusieurs mois à l'annexe psychiatrique de la prison de Forest. Monsieur le juge, ils me font trop souffrir... » Le geste d'un désespéré victime de brimade à répétition ?
Ce n'est pas du tout l'avis du ministère public. Qui précise au passage que dans le passé, le prévenu s'est signalé par plusieurs faits de rébellion. Le jour de l'incendie, c'était le lendemain d'une évasion par hélicoptère, avec prise d'otage.
La vie dans la prison en avait été bousculée et les détenus n'avaient pas reçu leur ration de tabac. Ce qui n'a pas du tout plu au prévenu, qui l'a fait savoir. Les gardiens lui auraient rétorqué qu'il pouvait fumer son matelas, et il les a pris au mot ! Une facétie dangereuse, qui justifierait deux ans de prison ferme selon le substitut Gérard.
Jugement le 14 décembre.V. F.