La prison d'Ittre en grève jusqu'au 11 novembre
Les gardiens n'en peuvent plus de la violence en prison. Ils veulent être épaulés par un corps d'intervention en cas d'incident.
Publié le 03-11-2009 à 10h06
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Ils l'ont décidé ce lundi matin : les gardiens de la prison d'Ittre continuent leur grève. La poursuite de l'action a été votée en assemblée générale à plus de 80 % des voix. La grève durera au moins jusqu'au 11 novembre, c'est-à-dire jusqu'au lendemain de la réunion prévue avec le directeur général et régional des prisons, à Bruxelles. Les syndicats, en front commun, entendent maintenir la pression jusque-là, pour mieux faire entendre leur voix. « On attend des avancées lors de cette réunion. Si nous n'obtenons pas de réponses satisfaisantes, on envisagera... Mais nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout », avertit Gérald Frishmann, délégué CGSP à la prison d'Ittre.
Il faut dire que le ras-le-bol est grand du côté des gardiens. Ils n'en peuvent plus de la violence qui règne dans leur prison. Pour rappel, la grogne a démarré jeudi soir, à Ittre et Louvain, suite au dramatique évènement qui s'est déroulé dans l'établissement pénitentiaire flamand : une prise d'otage qui a mal tourné. Plusieurs gardiens ont été blessés. Le preneur d'otage, lui, a été tué.
Les gardiens de la prison d'Ittre se disent avant tout solidaires de leurs collègues de Louvain, mais ils entendent aussi protester contre la violence dans leur propre prison. « Une violence qui s'accroît et contre laquelle on ne peut pas lutter. Un stylo, c'est tout ce qu'on a pour nous défendre ! », affirme Philippe Lievens.
Les gardiens réclament donc un corps d'intervention spécial, formé pour faire face aux débordements éventuels des détenus.
Les agents pénitentiaires veulent aussi des sanctions plus dures envers les prisonniers agressifs « Pour l'instant, pour des menaces de mort, la seule punition qu'on donne, c'est le préau individuel... » La violence à Ittre « est quotidienne », et pourtant cet établissement pénitentiaire ne souffre pas de surpopulation ni de manque d'effectif : il y a 420 détenus pour 420 places ; pour les encadrer, 320 agents cellulaires se relaient jour et nuit. Ce qui n'a pas empêché les incidents : il y a eu quatre prises d'otages en un an !
Comment expliquer alors cette recrudescence de la violence ? Philippe Lievens a sa petite idée. « Dans la prison d'Ittre, les détenus ont droit à tout ! Ils peuvent aller trois fois par semaine à la salle de sport, peuvent se payer la télévision... Tout cela conjugué avec des sanctions minimes, comment peuvent-ils prendre conscience de leurs actes en étant ainsi choyés ? »