André Flahaut blanchi d'une accusation d'antisémitisme, le CCOJB en appel
Le député André Flahaut (PS) a été récemment blanchi par la justice d'accusations d'antisémitisme lancées par le président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB).
Publié le 23-10-2009 à 06h00
L'affaire remonte au 24 mai 2008, jour d'une manifestation d'un groupement propalestinien d'Ittre "Paix Juste au Proche-Orient", à Nivelles. Des activistes y avaient simulé des brutalités commises par des militaires israéliens à l'égard de la population palestinienne.
Plusieurs personnalités, dont l'ex-ministre de la Défense André Flahaut (PS), avaient pris la parole.
M. Flahaut avait réclamé le même engagement à "faire entendre la voix de celles et ceux qui aujourd'hui souffrent" que celui dont lui-même avait fait preuve en tant que ministre pour le devoir de mémoire "des atrocités dont le peuple juif a été victime pendant la seconde guerre mondiale".
"Je suis déterminé à lutter contre tous les extrémismes, tous les nazismes, tous les fascismes où qu'ils se trouvent et au moment où ils se présentent", avait lancé André Flahaut.
Le président du CCOJB, Joël Rubinfeld, avait filmé ce discours et diffusé des extraits sur internet, estimant que ce discours établissait l'établissement des comparaisons entre la politique de l'Etat d'Israël et celle des nazis, ce qui est constitutif d'un acte antisémite. Le CCOJB a ensuite diffusé sur son site internet un communiqué affirmant qu'André Flahaut allait jusqu'à assimiler la politique israélienne au nazisme.
S'estimant atteint dans son honneur, l'ex-ministre de la Défense a lancé une action en justice.
"Entendre dans ce discours une assimilation de la politique d'Israël à un régime nazi paraît exorbitant et hypothétique", a observé le tribunal de première instance de Bruxelles dans un jugement du 15 octobre dernier.
Le juge souligne qu'en retirant une phrase de son contexte et en la mettant seule en exergue, le CCOJB et son président lui ont donné une connotation et une portée qu'elle n'avait pas. "Il est incontestable que (le discours d'André Flahaut) avait un caractère humaniste", ajoute le tribunal, qui reconnaît dans la foulée que l'accusation d'antisémitisme constitue une atteinte à l'honneur et à la réputation de M. Flahaut.
Ce dernier avait réclamé 25.000 euros de dédommagement. Le tribunal a au final condamné M. Rubinfeld et le CCOJB à lui verser un euro symbolique, en plus des frais de procédures.
Dans un communiqué, André Flahaut a appelé le CCOJB et la Communauté juive au dialogue, rappelant son travail de longue date contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme, notamment ses actions en faveur du devoir de mémoire envers les "atrocités subies par le peuple juif durant la Seconde Guerre mondiale".
"Le conflit israélo-palestinien est douloureux et complexe. Mais je revendique ma liberté d'expression et ma capacité d'indignation lorsque ce conflit fait des victimes", a-t-il dit.
De leur côté, le CCOJB et son président ont décidé d'interjeter appel du jugement qui, assurent-ils, ne suit pas l'avis du procureur du roi concluant au non-fondement de la demande de M. Flahaut.