Six ans de prison après l'évasion
En mars, trois prisonniers avaient pris des gardiens en otage à Ittre. Un a été rattrapé, deux courent toujours. Six ans de prison pour tous.
Publié le 16-10-2009 à 10h01
Le 15 mars 2009, c'est sans doute après s'être concertés à l'insu du personnel que trois détenus de la prison d'Ittre se sont attendus à la sortie du préau. Un a un peu traîné dans le couloir, un autre a refusé de dire à l'agent qui le surveillait le numéro de sa cellule, puis le troisième est arrivé. Le temps de réaliser que quelque chose se tramait, il était trop tard.
Hassan Zaïd, Ahmed Yaagoubi et Mustapha Lahnachi avaient sorti des couteaux vraisemblablement dérobés à la cuisine. Deux gardiennes ont été tenues en respect et une de celle-ci, qui ne voulait pas se laisser impressionner, a reçu un coup de pied dans les reins. Le chef de quartier, lui, a été neutralisé sans plus de ménagement. Un couteau a été placé sous sa gorge, et le trio s'est fait ouvrir toutes les portes jusqu'à la sortie en le prenant en otage.
Une fois sur le parking, le trio a tenté de voler (en utilisant des menaces) une voiture que venaient de quitter des visiteurs. Ils n'ont pas réussi et se sont dispersés dans la campagne pour échapper aux autres gardiens. Seul Hassan Zaïd a été rattrapé quelques heures plus tard, grâce au flair d'un chien policier, alors qu'il se dissimulait sous une tôle dans un bois proche de la prison.
Les deux autres courent toujours et à l'audience, il y a deux semaines, Zaïd a tenté de leur faire porter le chapeau en expliquant qu'il n'avait pas préparé l'évasion avec eux. Que c'était donc un peu par hasard qu'il s'était laissé embarquer dans l'aventure, et qu'il avait trouvé le couteau dans le préau.
Le tribunal, dans le jugement qu'il a rendu jeudi, ne croit pas à cette version édulcorée. Il relève que les prévenus ne parlaient pas entre eux lors de l'évasion, ce qui dénote une préparation. Ils ont par ailleurs eu une progression logique dans la prison pour aller jusqu'à la sortie, et plusieurs témoins ont décrit Zaïd comme le meneur qui orientait l'action des autres.
En raison de la violence dont ils ont fait preuve, et de la lourdeur de leurs antécédents, ils écopent tous les trois d'une peine de six ans de prison ferme. Ils sont également privés pour cinq ans de leurs droits civils et politiques. Le ministère public a demandé, dans la foulée du prononcé, que l'arrestation immédiate des deux prisonniers toujours en fuite soit ordonnée. C'est ce que le tribunal a fait jeudi matin.V. F.