Surpopulation carcérale: la Ligue des DH tire la sonnette d'alarme
Dans le cadre des polémiques sur le niveau de sécurité des prisons faisant suite à la spectaculaire évasion de Nordin Benallal, la Ligue des droits de l'Homme tient à faire quelques mises au point dans un communiqué de presse diffusé mardi. Alors que les uns mettent en cause les responsables politiques actuels et que les autres réclament à cor et à cri la création d'un établissement pénitentiaire de haute sécurité, la Ligue tire la sonnette d'alarme.
Publié le 30-10-2007 à 06h00
La véritable source d'insécurité en prison provient de la surpopulation, selon la Ligue des droits de l'Homme. Cet état de fait a déjà été dénoncé à de multiples reprises par les organes internationaux, comme le Comité pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (C.P.T.) du Conseil de l'Europe.
Le recours à la détention préventive est plus répandu aujourd'hui qu'hier (les détenus préventifs représentent plus de 40 pc de la population carcérale) et l'octroi de mesures de libération conditionnelle se raréfie, déplore la Ligue. Ainsi, les libérations conditionnelles et provisoires ont baissé de 12 pc entre 2005 et 2006, selon les estimations de l'asbl.
Cette surpopulation chronique met en échec l'un des objectifs premiers de la prison, la réinsertion des détenus, en aggravant les conditions de détention, "déjà particulièrement déplorables en terme d'hygiène et de promiscuité dans certains établissements". Le budget dont dispose la prison pour nourrir ses occupants est fonction de la capacité théorique de l'établissement. Dès lors, en cas de surpopulation, les quantités alimentaires par détenu sont restreintes. Les assistants sociaux, psychologues, médecins, en sous-effectifs, ne peuvent exercer leur fonction correctement par manque de temps. "Les détenus sont mal soignés, mal écoutés et mal préparés à leur sortie de prison", dénonce la Ligue des droits de l'Homme.
La Ligue tient par ailleurs à rappeler les nets progrès acquis en matière d'évasion, leur nombre ayant chuté de façon drastique ces dernières années. Il appartient donc aux responsables politiques de légiférer par rapport à cette situation générale, et non en fonction d'une exception "aussi médiatique soit-elle", estime la Ligue faisant référence au contexte actuel.
Par ailleurs, rappelant que le "risque zéro" en matière d'évasion est un leurre, quelles que puissent être les mesures prévues, la Ligue considère que la construction d'établissements de "haute sécurité" relève plus du marketing politique que de la réalité. La prison d'Ittre a elle-même été présentée en son temps comme un pareil établissement, sans grand résultat.