Accueil des réfugiés à Sart-Risbart: "Au début, c’était un peu rock and roll…"
Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. Un an après, durant toute cette semaine, nous allons à la rencontre des Ukrainiens qui ont trouvé refuge en Brabant wallon mais aussi de leurs hébergeurs et de responsables de CPAS qui ont été en première ligne pour leur accueil. Ce lundi, nous avons rencontré des hébergeurs à Incourt et Ramillies qui ont vécu des expériences bien différentes.
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Publié le 21-02-2023 à 06h00
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Dès le début de la guerre, des milliers d’Ukrainiens ont fait le choix de s’exiler. En Belgique, de nombreux citoyens se sont portés candidats à leur accueil, comme Charlotte Sampermans et Jules Imberechts, à Sart-Risbart, une démarche "tout ce qu’il y a de plus naturel" pour eux.
"Nous avons un voisin qui a de lointaines origines ukrainiennes et qui accueillait déjà des réfugiés, raconte Jules Imberechts. Q uand il nous en a parlé, la question ne s’est même pas posée. Accueillir des personnes en difficulté, cela fait partie du projet de notre association."
Par le biais de ses organisations culturelles, l’ASBL Travers Émotion de Jules et Charlotte crée du lien dans le village de Sart-Risbart et depuis quelques mois, elle dispose d’une maison où sont organisées bon nombre d’activités. Une maison ouverte sur le village, la culture et la solidarité, un peu à l’image de ses principaux animateurs.
"Nous organisons ces activités au rez-de-chaussée et l’étage est réservé à l’accueil des réfugiés pour le moment. Et quand ils partiront, cet espace accueillera d’autres personnes dans le besoin, poursuit Jules. Quand on a accueilli les premiers réfugiés, c’était ici, dans notre maison, car il fallait régler les dernières modalités pour la maison de l’association et puis la meubler, ce qui, finalement, n’a pas pris beaucoup de temps vu l’énorme élan de solidarité citoyenne et les nombreux dons que nous avons reçus."
Les cinq réfugiés travaillent dans les titres-services
Il y a un peu moins d’un an, nous avions profité de la visite de la ministre Karine Lalieux (PS) pour rencontrer une première fois Charlotte et Jules. Ils s’étaient alors adressés au CPAS pour accueillir une famille venue d’Odessa. Lors de notre passage, ces réfugiés n’avaient pas assez de mots pour remercier leurs hôtes belges.
"Les enfants devaient aller à l’école et vu qu’ils étaient Roms, cela posait problème. Enfin, on n’en est pas persuadé, mais toujours est-il qu’ils sont partis après un mois et c’est un couple de leurs amis, lui aussi originaire d’Odessa, qui les avait rejoints, qui occupe toujours la maison avec deux hommes d’une trentaine d’années et une fille."
Les premiers réfugiés logeaient dans la maison de Charlotte et Jules: "C’était un peu rock and roll car on avait nos événements à organiser. On avait pas mal de boulot et eux avaient besoin de nous pour les conduire au CPAS pour régler les papiers, par exemple."
C’est beaucoup moins le cas avec ceux qui ont suivi. ils vivent leur vie, ont leur propre voiture et ont même leurs propres activités.
"Ils ont signé une convention de location précaire et sont complètement autonomes. Ils travaillent tous les cinq pour des"titres-services". Ils n’hésitent jamais à venir donner un coup de main ici et même au village. Oui, ils sont très bricoleurs et très courageux. On peut dire que tout se passe assez bien même s’il a fallu leur apprendre de nouvelles habitudes, comme le tri des déchets, par exemple. On leur traduit aussi les courriers et quand on échange avec eux c’est grâce à Google Traduction, cela fonctionne même très bien".
Là où ce fut plus compliqué pour les réfugiés, c’est quand il a fallu adapter le coût des charges qui a explosé avec la crise énergétique: "Au début, les dons permettaient d’atténuer la facture mais quand on a été obligé d’augmenter les charges, financièrement, pour eux, ce n’était pas évident, mais ils ont compris."
"Avoir une telle maison, c’est un atout"
Si Jules regrette qu’ils ne participent pas plus aux activités de l’association, il sait en même temps qu’ils aiment se retrouver entre eux. "Le réseautage fonctionne très bien. Ils se retrouvent en divers endroits en Belgique comme à Gand. Ils ne participent pas vraiment à nos activités mais comme je l’ai déjà dit, ils sont toujours prêts à donner un coup de main et ont bien compris la solidarité avec les voisins."
Ils ont aussi compris la vie en communauté, telle que l’imaginent Jules et Charlotte et leur intégration en est facilitée: "Ils se plaisent bien ici. Il faut dire qu’avoir une telle maison, c’est un atout et c’est bien plus facile que quand des réfugiés se retrouvent à vivre au sein d’une famille."
Vu la réussite de cette expérience, Jules se dit qu’il aurait pu accueillir des réfugiés bien avant, comme quand la guerre a éclaté en Syrie "mais peut-être qu’on aurait choisi des réfugiés avec un profil plus artistique…"
La porte a toujours été grande ouverte chez Charlotte et Jules. Les réfugiés ukrainiens peuvent en témoigner mais Jules entend aussi souligner le rôle des CPAS qui "font du bon boulot en trouvant des logements et même du boulot pour les Ukrainiens. Vont-ils repartir ? Je ne sais pas mais une chose est sûre, ils se plaisent bien ici."