Inc’Rock: Benoît Malevé, échevin et organisateur, est un bénévole qui «se donne à 150%»
L’Inc’Rock a eu le mérite d’implanter la musique urbaine à Incourt, une commune plutôt rurale. Benoît Malevé, échevin et président du CPAS, est à la manœuvre.
Publié le 20-07-2018 à 07h52
L'été des festivals, il commence en mai à Incourt. Depuis 2005, Benoît Malevé et l'ASBL Le Coup de Pouce organisent l'Inc'Rock BW Festival sur le site de la carrière d'Opprebais. Pour l'édition 2018, un peu moins de 15 000 festivaliers ont participé à cet événement qui se tenait sur trois jours, du vendredi au dimanche. «Le festival était précédé, le jeudi, d'une journée préambule avec un spectacle hommage à Jacques Brel, avec des prestations de BJ Scott, Bruno Brel, son neveu, mais aussi Typh Barrow, Suarez, Francis Lalanne, Alec Mansion ou encore la regrettée Maurane, explique l'organisateur du festival. L'objectif est de conquérir un autre type de public. D'ailleurs, pour l'Inc'Rock, on essaye d'attirer des festivaliers aux sensibilités différentes, avec des journées thématiques.»
Et la fierté de Benoît Malevé, c'est la journée dédiée au rap. En 2018, les amateurs du genre ont pu apprécier les flows noir-jaune-rouge de L'Or du Commun, Krisy, Isha, Hamza, La Smala ou encore les stars du rap français Kaaris, Ninho et Sofiane. «Nous avons été les précurseurs, je pense. Quand je vois que le festival Les Ardentes a largement revu sa programmation pour proposer une line-up presque 100% hip-hop… Cette journée n'était pas la plus fréquentée au départ, mais la tendance s'est inversée depuis trois ans, au point que l'on pense même à la prolonger sur un deuxième jour. Amener la musique urbaine à Incourt, une petite commune rurale du Brabant wallon, c'était tout un défi. Mais on a répondu aux demandes des jeunes, qui voulaient se créer un sentiment d'appartenance à Incourt. Le rap, c'est la musique du moment. Mais on essaye de trouver le bon dosage et de satisfaire toutes les sensibilités.»
Du travail bénévole
Contrairement aux autres festivals wallons de plus grande envergure, l'Inc'Rock est organisé et géré par des bénévoles. Benoît Malevé, avocat dans le civil et qui est aussi le président du CPAS d'Incourt et échevin au collège communal (apparenté PS), n'y échappe pas. «Je peux regarder tous les bénévoles dans les yeux, parce que je le suis moi-même. Je me donne à 150% pour l'Inc'Rock. On fantasme parfois en disant que je me fais un max de blé, mais ce n'est pas la réalité. Ce temps que je passe pour l'Inc'Rock, je ne le mets pas à profit pour mes consultations ou mes plaidoiries. D'ailleurs, je n'ose même pas calculer le nombre d'heures que je passe sur le festival.»
Le budget du festival est de 450 000€. La plupart est engagé pour le cachet des artistes, «qui deviennent de plus en plus exigeants et, parfois, gourmands. Les cachets sont de 3 à 5 fois plus élevés aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Mais ils n'ont parfois que leurs prestations scéniques pour faire rentrer de l'argent… De notre côté, on essaye de garder une programmation de qualité à un tarif attractif. Ce qui n'est pas évident. C'est pour cela que l'on ne veut pas grandir trop vite. Plus gros est le festival, plus grands sont les risques financiers. Et ne parlons pas des exigences de la police au niveau sécurité de plus en plus drastiques…»
Pour arriver à l’équilibre, 200 000€ sont générés grâce au ticketing, 150 000€ sont issus des subsides et des sponsors et le restant provient des rentrées bar et nourriture.
Les bons plans à trouver
La Commune d'Incourt n'intervient que très peu dans l'organisation du festival, assure Benoît Malevé, malgré son statut. «Nous n'avons qu'un subside de 7 500€, annonce Benoît Malevé. Le personnel communal vient nous aider également, principalement pour le démontage. Ce n'est pas un privilège, car tout citoyen incourtois qui organise un événement peut bénéficier de la même aide logistique. Même si je tiens à limiter au maximum leur intervention, parce qu'ils ont déjà assez de travail.»
Et quand on lui demande si sa casquette d'échevin socialiste, vissée sur sa tête depuis 2004, l'a aidé pour organiser l'Inc'Rock, Benoît Malevé dit oui sans détour, mais nuance tout de même. «J'ai toujours été échevin depuis la création de l'Inc'Rock, mais je ne pense que cela aurait été plus difficile si je ne l'avais pas été. D'ailleurs, être échevin ne vous permet pas de faire n'importe quoi. On doit faire preuve de beaucoup de sérieux, voire plus que les autres. Néanmoins, mon engagement politique me permet d'obtenir plus facilement du soutien. Et cela peu importe la couleur politique. La Province nous aide beaucoup d'un point de vue matériel. Grâce à notre bonne entente, je peux aussi demander un appui de Perwez et Jodoigne, les communes voisines.»
L'Inc'Rock serait-il un faire-valoir politique, à l'approche des élections communales? «Je ne suis pas quelqu'un de calculateur. Je fais les choses comme je le sens. Ce n'est pas possible de faire l'unanimité évidemment, et il y aura toujours des riverains mécontents des quelques nuisances provoquées, que l'on essaye de limiter au maximum. Certains voudraient que rien ne se passe à Incourt, pour rester tranquille. Mais je pense que la majorité des habitants se disent que c'est un chouette événement, qui attire un public large.»

Découvrez aussi notre dossier spécial dans le journal L’Avenir de ce samedi et surlavenir.net/destinationcommunes41.
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