Grez-Doiceau : avec le Libel, le hameau de Hèze jouit d’un statut exceptionnel et même unique en Belgique
Le Libel ? C’est, depuis le XVe siècle et un acte de donation de la duchesse Jeanne de Brabant, une partie du hameau de Hèze où la Commune, si elle souhaite agir, est tenue de demander l’avis des habitants et de respecter celui-ci.
Publié le 17-01-2023 à 16h35
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Le conflit toujours en cours entre certains habitants de Hèze et la Commune de Grez-Doiceau, lié à l’installation de bulles à verre sur la place du hameau, a rappelé à bon nombre d’entre nous l’existence du Libel. Mais qu’est-ce donc que ce Libel ?
Le "Libel" est un espace d’une cinquantaine d’hectares de bois, de prairies et de terres arables, que les habitants du village administraient et exploitaient à leur profit depuis le XVe siècle suite à une donation de la duchesse Jeanne de Brabant. Si depuis la fusion des communes (1977) ce morceau de territoire est passé sous administration communale, les habitants de Hèze y conservent des droits immobiliers inaliénables et imprescriptibles.
Bernard Gobbe, du comité de sauvegarde de Hèze, livre des explications.
"Le Libel consiste, depuis le XVe siècle, en biens constitués en biens communaux en vertu d’un acte de donation de la duchesse Jeanne de Brabant (1322-1406). Il s’agirait de “60 bonniers” auxquels une charte de 1404 donne “destination consacrée”. Cet acte porte cession de droits sur les fonds constitués, aux habitants de Hèze. Ce statut foncier préserve l’intégrité du bien – 47 hectares de bois, de bruyères et de terres – qui a conservé depuis 600 ans ses caractéristiques."
« Demande en justice »
La duchesse Jeanne de Brabant épouse en première noce Guillaume II, comte de Hainaut, puis en deuxième noce Venceslas Ier de Bohème, duc de Luxembourg. Deux fois veuve et sans descendance, elle hérite en 1355 du duché de Brabant de son père Jean III, duc de brabant et de Limbourg.
Les raisons pour lesquelles la duchesse de Brabant fit une telle donation aux habitants d’un misérable hameau restent obscures. "Libele", du latin libellus (petit livre) signifie en ancien français "demande en justice". S’agissait-il d’un remerciement pour un service rendu, ou d’un avantage assorti d’une charge (entretien des voies de communication) ? Le fait reste néanmoins exceptionnel et même unique en Belgique.
Jules Tarlier et Alphonse Wauters, dans Géographie et Histoire des communes belges (1864), indiquent qu’ "il existe, au hameau de Hèze, une communauté qui est, en Brabant, la seule de son genre. Les habitants de cette localité ont, de temps immémorial, la propriété d’une partie de terrains assez étendue, qu’ils administrent ou exploitent à leur profit. Ces biens sont chargés de quelques services religieux, qui s’exonèrent encore".
44 hectares, 47 ares, 92 centiares
Le Libel est défini comme un ensemble de "bois, terres et prairies" de 44 hectares, 47 ares, 92 centiares. Il convient d’y ajouter "la parcelle 293 g “Bruyère Caton”, non reprise dans le bail de chasse". Le Libel s’étend majoritairement de part et d’autre de la rue de Longueville (limite Est), menant du bas de Hèze à Longueville (chapelle du Chêneau).
Le Ry de Hèze prend ses sources dans les parcelles du Libel situées rue du Résidal. Neuf tumuli de faible hauteur, appelés "les tombeaux romains" étaient encore visibles dans les années 1900. Nivelés depuis ils étaient érigés au sud du Libel entre le bois dit La Grande Bruyère et le chemin du Bois Fureaux.