Grez-Doiceau: une batterie d’outils pour éveiller les 10-14 ans à la permaculture
Siège de la fondation Générations.bio, la ferme du Petit Sart, située à Grez-Doiceau, accueillait ce mercredi la conférence internationale «Living Ste(a)m». Les agriculteurs Carl Vandoorne et Hubert del Marmol y ont présenté des outils pédagogiques visant à favoriser l’éveil des jeunes de 10 à 14 ans, à la permaculture.
- Publié le 22-09-2021 à 11h03
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Venus des quatre coins d’Europe et de Belgique – certains par écrans interposés – une soixantaine d’enseignants, formateurs, permaculteurs, maraîchers se sont réunis, ce mercredi, dans le paisible cadre de la ferme du Petit Sart, pour assister à la conférence internationale «Living Ste (a)m».
Un programme cocréé par Generations.bio (lire ci-contre) en collaboration avec six partenaires européens – ed-Consult au Danemark, EDU-Lab en Italie, Polish Farm Advisory en Pologne, Citizens in Power à Chypre, Transit Projects en Espagne et Logopsycom Belgique – et avec le soutien financier de l’Europe, via Erasmus +.
«Après deux années de travail intense, nous avons organisé cette journée pour présenter notre démarche ainsi que les 60 outils pédagogiques que nous avons imaginés dans le but d'éveiller nos enfants (10-14 ans) à la permaculture, d'intégrer l'école de plein air dans leur éducation générale, expliquent Hubert del Marmol et Carl Vandoorne, propriétaires de la ferme grézienne et fervents défenseurs d'une agriculture biologique. Notre but est de sortir nos jeunes des bâtiments, de l'automne à l'été, et de les (re)connecter avec les éléments naturels: pour observer la vie du sol, apprendre, cultiver, cuisiner, manger au rythme des quatre saisons dans un potager. Il est possible pour les enseignants de prolonger leurs découvertes en permaculture dans les cours de sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) sans oublier les possibilités de prolongement dans les cours de langues, d'histoire et de géographie.»
Les maraîchers: en soutien de nos écoles?
Les deux porteurs de cet ambitieux projet écologique racontent à quel point les expériences menées dans différentes écoles bruxelloises et du Brabant wallon démontrent combien les jeunes vivent «hors-sol» déconnectés de leur environnement végétal. «Ils hurlent quand ils voient un ver de terre, sourit Carl Vandoorne. Reconnectons-les à la vie!»
Cette sensibilisation à la permaculture n'est possible que grâce aux enseignants, aux formateurs et aux pédagogues qui ouvrent les portes de leurs classes pour tester, valider les outils proposés. «Mais il est indispensable d'impliquer les maraîchers dans cette démarche, ajoute Hubert Del Marol. Ils sont les éclaireurs de notre alimentation locale. Il faudrait qu'ils aient un statut pour travailler en support avec les écoles.»
L'après-midi, les participants ont pris part à un atelier participatif. «Il s'agit de notre projet-pilote de potager en permaculture pédagogique et expérimental, conclut Carl vandoorne. Il nous permet de montrer aux enseignants comment travailler la terre.»
Hubert Gorgemans: «Il est inutile de les culpabiliser»
Éducateur en environnement et apiculteur, Hubert Gorgemans rencontre plus de 5 000 enfants par an pour tenter de les reconnecter avec la nature.

«Je fais le plus beau métier du monde, nous lance d'emblée Hubert Gorgemans, fondateur de l'ASBL Terre@Air, spécialisée dans l'éducation à l'environnement. Chaque jour, je vais à la rencontre de jeunes pour leur faire découvrir à quel point la terre regorge de merveilles.»
Le lycée Martin V, la Providence à Wavre et l'institut Sainte-Thérèse à Nivelles sont autant d'établissements qu'il a visités ces derniers mois. «Nous proposons aux élèves une plongée dans le monde des abeilles, nous avons des animations durant lesquelles ils font leur propre jus de pommes et découvrent les déchets qui sortent de la presse, ce qui nous permet de parler du compost», poursuit-il.
Lors de ses visites, Hubert a souvent été frappé par les réactions de son jeune public. «Les enfants ont peur de mettre leurs mains dans la terre parce que, pour eux, c'est sale. Quand on leur dit qu'il y a plus de vies dans une cuillère à soupe de terre que sur la planète entière, leur vision change. Le but n'est pas de les culpabiliser en leur interdisant de boire du coca ou de porter des jeans mais de leur montrer les choses pour qu'ils se rendent compte tout seuls qu'ils doivent protéger leur terre.»

Sous son impulsion, un potager commun a notamment été installé dans l'enceinte de l'école brainoise. «Avec les enfants, nous y travaillons la terre avec une fourche et de la paille. J'ai même un tuyau d'arrosage dans la classe. Nous cultivons des haricots, des carottes, des oignons, nous avons également fait pousser des chicons. Au fil des saisons, nous découvrons ce qui sort de terre avec beaucoup de plaisir. Quand nous avons récolté les chicons, les enfants ont goûté lors d'une activité culinaire en classe et bizarrement, ils ont apprécié alors qu'ils disaient le détester à la maison», raconte-t-elle.
«Des possibilités illimitées»
De ses activités pratiquées en extérieur, loin de la classe, Danielle Decoster-Daenen tire une multitude de possibilités d'apprentissage. «Nous avons pratiqué l'art avec des feuilles tombées des arbres et ramassées dans le jardin, nous avons découvert la teinture avec des oignons, nous utilisons des objets de la nature pour étudier le corps humain. Les possibilités sont illimitées, nous éduquons les enfants par l'émerveillement.»
Si elle est venue à Grez-Doiceau mardi matin, «c'est pour les échanges extraordinaires que ce rendez-vous permet. Les outils proposés dans le manuel "Living Ste(a)m" sont merveilleux. J'en ai notamment appris davantage sur la gestion des espaces potagers. La bibliothèque qu'ils mettent à notre disposition est très triche.»
Son mari, aujourd'hui retraité, a longtemps été impliqué dans l'enseignement spécialisé. «J'ai encore beaucoup d'idées à partager et je garde l'espoir de pouvoir un jour monter une école différente, confie-t-il. L'aspect international de cette conférence nous a également beaucoup séduits. Nous y découvrons d'autres choses, d'autres pistes. Quels que soient les pays, nous avons tous un intérêt commun et des idées peuvent émerger. En échangeant avec une personne ici, nous nous sommes rendu compte à quel point le Danemark était en avance par rapport à nous, c'est assez stupéfiant.»