Pascal Demuylder aime vivre à 200 à l’heure
Ce fut une figure marquante de la balle pelote. Pascal Demuylder nous a reçus chezlui pour évoquer les souvenirs et son quotidien.
Publié le 30-04-2021 à 07h01
C’est tout naturellement, en suivant les traces de son papa, Thierry, lui aussi joueur de nationale 1 notamment avec Ottignies-Centre et Wieze, que Pascal Demuylder s’est retrouvé sur un ballodrome.
Il a joué en jeunes à Tangissart et à Plancenoit. «J'ai joué avec mon père à Blanmont en nationale 3. J'évoluais déjà au fond à ce moment», indique Pascal Demuylder qui pense toujours beaucoup à son père, décédé. «J'y pense souvent. Cela me fait mal. Nous étions très complices», indique Pascal.
Il passe ensuite une année à Marbisoux avant de faire le grand saut en nationale 1, avec Ottignies, en 1987. C'est le début d'une longue et brillante carrière puisqu'il n'a quitté l'élite que fin de la saison 2013, après avoir conquis de nombreux titres et distinctions, pour rejoindre Baisy-Thy. «Hector Tubiermont m'avait demandé de revenir au club pour le faire monter de nationale 2 en nationale 1. Nous sommes effectivement montés. Le club aurait bien voulu que je joue une saison supplémentaire, mais j'avais été clair à l'époque. J'allais pour une saison, puis j'arrêtais. Il n'était pas question pour moi de prolonger. Je n'avais pas envie de traîner ma carrière en longueur et de me retrouver avec des pépins physiques. Je voulais aussi passer plus de temps en famille.»
C'est qu'à l'époque, dans la deuxième partie des années '90 avec Tollembeek, les saisons étaient exigeantes. «On a parfois joué 24 jours en juillet et 23 jours en août. C'était quasi tous les jours. On jouait partout en Belgique. Lors des rencontres de démonstration, nous devions faire du spectacle. L'organisateur nous demandait de ne pas terminer le match trop tôt, ce que je peux comprendre. Il y a moins de lutte de ce type actuellement. C'est bien pour le championnat», lance-t-il.
C'est qu'il n'avait pas que la balle pelote sur le dos. Depuis environ 25 ans, il gère une société de location de châteaux gonflables. «Quand je suis arrivé à l'école internationale Le Verseau à Bierges comme éducateur d'abord, après avoir été éducateur durant deux ans au boulevard du Midi, un professeur de gymnastique avait deux châteaux gonflables dont il voulait se séparer. Je les ai récupérés et j'ai commencé cette activité. J'en ai aujourd'hui quarante…»
Il n'était pas évident de cumuler cette activité, souvent de week-end, et la belle période, celle qui coïncide avec la saison de balle pelote. «Je livrais le vendredi soir, le samedi et le dimanche matin. J'allais rechercher les châteaux gonflables le soir après les luttes de balle pelote. Des fois, je rentrais à 1h du matin. Certains pèsent jusqu'à 150 kg. C'était souvent la course pour combiner le tout. Mais, j'aime cela. J'aime vivre à 200 à l'heure. J'ai besoin d'adrénaline, de bouger, de me surpasser. Rester assis, ce n'est pas pour moi. Les barbecues le week-end, je ne connaissais pas.»
Ces activités lui donnaient de l'énergie mais aussi, parfois, un petit coup de mou sur le ballodrome. «Samuel Brassart, avec qui je jouais à Kerksken, me connaissait bien. Il savait que faire pour me redonner rapidement du tonus. Le coup de mou ne durait jamais longtemps.»
Des souvenirs sur la Grand-Place
Les châteaux gonflables sont aujourd'hui stockés depuis plus d'un an suite à la crise sanitaire. «Cela vient seulement de reprendre, et encore, timidement. Je gère aussi l'Aquabik Energy Center avec ma femme. Nous avons construit un bâtiment sur le terrain de l'école où j'enseigne, à deux pas de l'école. C'est la deuxième activité de notre société. Laurie s'occupe de la gestion des activités et du marketing. J'ai en charge l'administratif et je remplace les professeurs occasionnellement. Là aussi, nous avons été à l'arrêt, la piscine a été fermée. Il n'était pas évident d'assumer financièrement les charges fixes. On vient de rouvrir avec dix personnes ce 26 avril.»
L'homme garde le contact avec ses anciens équipiers. «Ils venaient manger à la maison lorsque c'était encore permis.»
Il ne les revoit par contre que très occasionnellement sur le ballodrome. «Je ne me rends que rarement aux matches. Je vais chaque année sur la Grand-Place de Bruxelles. J'ai eu la chance de jouer sur ce ballodrome, cela me rappelle des souvenirs. J'y rencontre beaucoup de joueurs et dirigeants que j'ai côtoyés. Le terrain est le plus "merdique" mais le cadre est magnifique, c'est le plus beau cadre. J'essaie aussi de me rendre deux à trois fois par an à Kerksken et notamment lors de la finale du championnat de Belgique.»

Date de naissance: 8 juillet 1968.
État civil: Marié à Laurie.
Famille: Papa de Diego (18 ans) et Louane (15 ans).
Habite: Archennes
Début en nationale 1: À 18 ans en 1987 à Ottignies.
Meilleur jeune du pays: 1989 avec Braine-le-Comte.
Gant d'or: 1995 à Ottignies.
Champion de Belgique nationale 1: 1994 (Ottignies), 1996 (Tollembeek), 2002 (Terjoden), 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 (Kerksken).
Champion de Belgique nationale 2: 2014 Baisy-Thy.
Coupe de Belgique: 7 fois vainqueur.
Super Coupe de Belgique: 8 fois vainqueur.
Grand-Place de Bruxelles: 10 fois vainqueur.
Tournoi du Tilburck: 15 fois vainqueur.
Professeur d'éducation physique à l'école internationale du Verseau à Bierges.

Pascal Demuylder a passé toute sa carrière comme foncier. Il a été dix fois champion de Belgique. «Le premier en 1994 avec Ottignies reste toujours spécial. Après, il y a eu des titres faciles et d'autres où il a fallu se battre. Avec Terjoden et Kerksken, c'était toujours la rivalité avec Baasrode. Certains ont été très difficiles, cela reste les meilleurs souvenirs. Une année, j'avais un gros problème au genou le samedi. J'ai joué mais je suis sorti pendant le match. Je ne sais pas par quel miracle, le lendemain, je me suis levé et je n'ai plus rien senti. J'ai pu jouer, je n'ai jamais compris ce qui s'était passé. J'avais fait un match exceptionnel le lendemain et nous avons été champions. Je n'y croyais pas.»
Le gant d’or: pas de regret
Pascal Demuylder aurait mérité d'avoir plusieurs gants d'or. «En 1996, Philippe Sanzot avait eu le gant d'or. J'ai joué au grand-milieu et au fond avec Tollembeek. J'avais fait une excellente saison. À l'époque, j'avais une moyenne de 14 balles au dessus par match. En 2002, nous avions tout gagné avec Terjoden, c'est Timmy Joos de Baasrode qui a eu le gant d'or. Une année, Benjamin Dochier a été blessé et nous avons fait une saison canon, Sam Brassart et moi, pour le soulager. Mais, là encore, le gant d'or m'a échappé. Je pense que je n'ai pas eu plus de gants d'or parce que je n'ai pas su me taire avec les journalistes. J'ai toujours dit ce que je pensais. Je ne regrette rien. Tout le monde est conscient que certains gants d'or ne sont pas arrivés au bon endroit. Comme mon papa le disait, cela n'enlève rien à tes mérites.»