«Je pilotais la nacelle de désincarcération»
Eddy Stache, pompier, n’est pas près d’oublier ce jour-là. «Une désincarcération en hauteur, on ne fait pas cela tous les jours…»
Publié le 27-03-2021 à 06h33
Pompier depuis 40 ans, Eddy Stache, Grézien, avait 20 ans «de bouteille» quand l'accident de Pécrot s'est produit. «Je suis toujours pompier volontaire. Ce jour-là, je suis arrivé dans les premiers sur place avec l'autoélévateur. Un véhicule imposant qu'il a fallu guider dans les petites rues du village où plusieurs véhicules étaient mal garés. Un accès difficile qui demandait toute mon attention. Mais à un moment, j'ai levé les yeux et j'ai vu ce V inversé: les deux trains l'un au-dessus de l'autre. Je garderai cela en tête toute ma vie. On se dit: la journée va être longue…» Mais pas question de réfléchir. «On sait qu'on est là pour faire notre travail… On se concentre car c'est clair, les opérations seront délicates. Il a fallu procéder à la désincarcération des blessés, puis des personnes décédées. Je pilotais l'engin aérien, dans la nacelle, pour amener les équipes de secours au plus près. Des manœuvres délicates pour ne pas toucher le train.»
Dans ces moments-là, un professionnel ne peut pas laisser place à autre chose qu'à la concentration. «Ce qui ne veut pas dire que cela ne marque pas. Dans ma carrière, c'est la plus marquante de mes interventions. Une désincarcération en hauteur (environ 20 mètres) depuis une nacelle, on ne fait pas cela tous les jours… Elle s'est parfaitement déroulée avec les moyens humains et techniques nécessaires pour mener à bien notre mission. Et nous étions parfaitement formés pour cela.»
Sur place, dans l'après-midi, il y a eu la visite royale. «C'est à ce moment-là que l'on se rend compte du caractère exceptionnel de l'accident…» Un flash qui a marqué Eddy ce jour-là? «Un hélicoptère a survolé les lieux, avec un photographe prenait des photos…»