Court-Saint-Étienne : une tentative d’assassinat mais pas de peine
La lenteur de l’enquête permet à un prévenu, qui a commis des faits graves en 2014, de s’en tirer avec une simple déclaration de culpabilité.
Publié le 20-01-2023 à 21h03
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En septembre 2014, un différend entre plusieurs personnes à la station Q8 de Court-Saint-Étienne avait nécessité l’intervention de la police locale. Trop tard cependant pour interpeller deux hommes arrivés à bord d’une Ford Fiesta pour s’en prendre violemment à des Stéphanois. Ils avaient pris la poudre d’escampette.
Le passager a fini par être identifié. Il portait ce soir-là une arme de type Kalachnikov, qu’il a pointée vers une des victimes… avant d’appuyer sur la gâchette. Mais une munition a été éjectée et l’arme s’est enrayée. Son propriétaire a tenté plusieurs fois de tirer, heureusement en vain. Il a alors frappé violemment sa victime avec la crosse de l’arme.
La cour d’appel de Bruxelles a condamné cet homme à huit ans d’emprisonnement, retenant la qualification de tentative d’assassinat. En ce qui concerne le conducteur de la Fiesta, qui avait perdu sur place un couteau papillon, les enquêteurs avaient leur petite idée sur son identité. Mais lorsqu’il a débarqué à Court avec son complice, il avait le visage encagoulé et les investigations à partir de la téléphonie n’ont pas apporté de preuves certaines. Et le premier auteur, comme c’est souvent le cas dans le milieu, n’a jamais balancé le "copain" qui se trouvait avec lui ce soir-là.
Le dossier a rebondi en 2017, avec des informations glissées à la police et qui confirmaient les premiers soupçons des enquêteurs. Grâce à ces révélations, ceux-ci ont rouvert le dossier, repris les études de téléphonie, fait "matcher" l’ADN trouvé sur le couteau…
Voilà comment, il y a un mois, un habitant d’Uccle au casier judiciaire déjà bien fourni s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel du Brabant wallon. Où son avocat a plaidé l’irrecevabilité des poursuites pendant que son client assurait n’avoir rien à voir avec ce dossier de 2014.
Le jugement rendu jeudi, lui, estime que c’est effectivement cet homme qui a participé à l’expédition punitive organisée à la station Q8. Et qu’il s’est donc bien rendu coupable, comme son complice ce soir-là, de tentative d’assassinat.
Mais le tribunal constate aussi que pour ces faits d’une "extrême gravité", le prévenu avait été entendu en 2015 et que divers devoirs étaient bouclés en 2017. L’enquête a ensuite traîné anormalement et le délai raisonnable dans lequel un justiciable doit être jugé est dépassé. Le prévenu s’en tire donc avec une simple déclaration de culpabilité.