Court-Saint-Étienne: se reconnecter en travaillant de ses mains
Éducatrice pendant 20 ans, Véronique Nicaise décide il y a trois ans de recentrer son projet professionnel autour de sa passion, la céramique.
Publié le 30-01-2021 à 07h03
Véronique Nicaise a fait un graduat en arts plastiques, section céramique. Un choix «improbable à mon époque». «Il y a presque 25 ans, tout le monde me regardait d'une façon bizarre en me demandant ce que j'allais faire avec ça.» Même si elle pratique la céramique après ses études, elle travaille «dans le social pendant 20 ans avec des personnes handicapées». Il y a trois ans, elle prend une décision, recentrer son activité professionnelle autour de la céramique à 100 %. Véronique transforme son garage en atelier et est engagée à mi-temps au Centre culturel de Jodoigne pour animer des ateliers terre. «Il fallait que je me fasse aider pour voir comment monter ce projet professionnel pour qu'il soit rentable. J'ai ma maison, mes enfants. Je ne pouvais pas me permettre de ne rien gagner. Je me suis attelée à chercher un mi-temps qui me convenait.» La transmission est très importante pour l'artiste. «On reçoit des clés à un moment donné et après, on les repasse à d'autres.»
Dans son atelier, Véronique Nicaise produit plusieurs types de créations. «Il y a une partie utilitaire et une partie plus artistique. Je n'aime pas mettre de frontière entre les deux parce que je suis animée par la même chose. Il y a des moments où je fais des bols, des assiettes… et des moments où je fais des choses qui ne servent à rien», plaisante la céramiste. Travailler de ses mains fait partie de l'équilibre de Véronique Nicaise, qui ne vient pourtant pas d'une famille d'artistes. «Ma maman était infirmière et mon papa, prof de maths. J'ai commencé par faire instit' mais après la première année, je ne me retrouvais pas du tout dans l'approche qui était menée. J'ai débuté ma deuxième année et après une semaine, je suis partie au SIEP (Service d'information sur les études et professions) et j'ai épluché tout ce qui était possible et imaginable. J'ai vu la céramique et je me suis dit que j'allais faire ça.» Véronique ne se l'explique pas, mais cela a été une évidence. «Je crois que ça s'est plus passé dans les tripes que dans la tête à ce moment-là.»
Aujourd'hui, elle comprend à quel point le contact avec la terre, et les éléments de façon générale, est indispensable pour elle. «Les élèves me disent souvent que la céramique, c'est leur thérapie. Je leur réponds que ce n'est pas une thérapie, c'est une hygiène de vie. Travailler de ses mains, se reconnecter à soi, c'est tout aussi important que de manger.» D'ailleurs, le vivant et le mouvement se retrouvent beaucoup dans ses créations. «Dans le travail du tour, j'aime qu'on visualise le mouvement. Pour ça, j'utilise différentes terres qui se mélangent. Il y a des effets de couleurs, de textures. C'est quelque chose qui ne se fait pas trop parce que normalement, on doit avoir la même texture partout. J'essaie de recréer des petits paysages dans ce que je fais. Dans mon travail, que ce soit artistique ou utilitaire, j'essaie de me rapprocher d'une sensation de déjà-vu dans la nature.»