Grez-Doiceau, Chaumont-Gistoux, Louvain-la-Neuve: les cinq jeunes poursuivis pour traitements humiliants écopent d’un total de 21 ans de prison
Cinq audiences auront été nécessaires, depuis le 9 mai, pour venir à bout d’un dossier de traitements dégradants commis par cinq jeunes.
Publié le 27-12-2022 à 06h53
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Les préventions retenues à leur charge, à des degrés divers selon leur implication, sont à ce point multiples qu’elles ont été reprises dans la citation par les lettres de l’alphabet allant de A à R. Parmi les cibles, des jeunes vulnérables en raison de déficiences physiques ou mentales.
Le fait le plus odieux dura douze heures, au cours de la nuit du 26 au 27 janvier 2020 à Grez-Doiceau, Louvain-la-Neuve et Chaumont-Gistoux. Alexandre (prénom d’emprunt, 20 ans), était "à rechercher" au prétexte qu’il devait de l’argent (120 €) à un membre de la bande. On le trouva et on l’obligea à tendre un guet-apens à Ernest (emprunt, 18 ans).
Tous deux, tétanisés, furent embarqués chacun dans le coffre de voitures qui, tous phares éteints, prirent la direction d’un bois où ils furent extraits avec les ménagements que l’on devine.
Tel fut le prélude à des menaces et violences scandaleuses réunies sous les préventions de tentative d’extorsion, traitement dégradant, traitement inhumain, détention arbitraire avec circonstances aggravantes.
Sous la menace d’un bâton, d’un couteau ou d’un pistolet à plomb, ils durent se dévêtir, sautiller et "faire la langouste", éclairés par les phares des voitures, comme si leur dernière heure était venue.
Ensuite, on les embarqua dans une maison de Chaumont-Gistoux appartenant à la grand-mère de la seule prévenue. Ligotés, ils reçurent des coups entrecoupés de périodes de calme, tantôt dans une salle de bains tantôt dans une cave où ils furent contraints de se toucher les parties intimes. Les scènes furent filmées, diffusées sur les réseaux sociaux, projetées dans le prétoire mais à huis clos.
Entre autres traitements dégradants, ils introduisirent dans un sac en plastique la tête d’Emeric qui éprouva du mal à respirer et ils s’acharnèrent à ce point sur la tête d’Alessandro qu’ils l’amenèrent aux urgences de la clinique d’Ottignies.
En déshérence totale à l’époque, Alexandre souffrait du syndrome de Gilles de la Tourette, un trouble du système nerveux caractérisé par des tics et des bruits divers. Depuis deux ans, ainsi que le confirma la personne à qui la justice confia l’administration de sa personne et de ses biens, il n’ose plus sortir dans Wavre.
Deux arrestations immédiates
Le tribunal s’est montré impitoyable: six ans de prison ferme pour Jonathan L., 21 ans, de Dampremy, cinq ans (dont 40 mois secs) pour Syve-Dine L., 21 ans, de Bierges, quatre ans (dont 30 mois secs) pour Rami H., 22 ans, de Grez-Doiceau, trois ans (un an ferme) pour Léna K., 21 ans, de Chaumont-Gistoux, et Enis S., 21 ans, de Wavre.
L’arrestation immédiate de Jonathan L. et de Syve-Dine L. a été ordonnée.
Les cinq condamnés paieront solidairement 7 000 € à Alexandre.