Nicolas Braibant (agriculteur): «On a besoin du soutien des consommateurs»
Nicolas Braibant, agriculteur à Corroy-le-Grand, ouvre les portes de sa ferme pour accueillir la pièce de théâtre «Nourrir l’humanité».
Publié le 01-09-2018 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VHU3ML6YSFB45H624DMT3JA7MQ.jpg)
Las des discussions stériles entre agriculteurs et riverains, Nicolas Braibant, agriculteur à Corroy-le-Grand, a souhaité utiliser les émotions mises en scène par des comédiens pour faire passer son message. Il a ainsi proposé au comité des fêtes du village d’inviter la troupe «Art & tça» à se produire dans sa ferme à l’occasion de la fête annuelle du village.
«J'ai déjà eu l'occasion de voir cette pièce deux fois. Mes poils se hérissaient, j'ai pleuré pendant la moitié du spectacle. Ce qu'ils disent est tellement vrai. Notre mission est là: produire une matière première le plus durablement possible. Et pour y arriver, les agriculteurs ont besoin d'avoir le soutien des consommateurs. Un soutien économique en se dirigeant vers un mode de consommation local, et un soutien moral en communiquant davantage avec les agriculteurs. Il n'y a rien de plus valorisant que de recevoir des retours positifs sur des aliments qu'on a produits avec passion et sueur».
L’exploitation de Nicolas Braibant, ce sont 160 hectares de betteraves, blé, orge, chicorées, pommes de terre, pois, colza, maïs et prairies. C’est aussi un élevage bovin de 180 blondes d’Aquitaine. Une partie de la viande produite est valorisée en vente directe dans la boucherie à la ferme gérée par son épouse, Nathalie.
Nicolas Braibant innove et évolue continuellement. Il pratique l’agriculture de conservation des sols. Il a arrêté de labourer le sol il y a une dizaine d’années et il met en place des techniques visant à amplifier les services rendus par la nature à son exploitation. Il y a deux ans il a converti une partie de sa ferme afin qu’elle réponde au cahier des charges de l’agriculture biologique. Sa viande est également vendue au magasin bio Färm à Louvain-la-Neuve.
«La communication entre le grand public et le monde agricole n'est pas toujours facile, notamment à cause des messages mal fondés que l'on peut retrouver sur internet et qui impactent considérablement notre image, dénonce Nicolas Braibant. Il est important que mes collègues et moi apprenions à mieux partager sur le travail que l'on réalise au quotidien. Que l'on écoute les envies des consommateurs afin d'ajuster nos modes de production et de commercialisation. L'agriculture prend actuellement un tournant, ajustons ensemble la vitesse et la direction afin de le prendre de la meilleure façon.»
«C'est la troisième année que la fête du village est organisée à la ferme, explique Nicolas Braibant. C'est plus facile que de devoir monter des tentes SNJ et de devoir prévoir une infrastructure en cas de mauvais temps. Cette fête crée une dynamique dans le village. L'âme d'un village passe par là aussi et ça nous permet de communiquer sur ce qu'on met en place sur notre exploitation. Je prends cette organisation très au sérieux. La pièce de théâtre véhicule des messages dans lesquels beaucoup de gens vont se retrouver. Ça va fédérer. Il ne faut pas grand-chose pour que le déclic se fasse et que les gens changent leurs habitudes.»
Notre agriculteur conclut en citant Sarah Singla, agricultrice française très présente sur les réseaux sociaux, qu'il apprécie beaucoup: «N'oubliez pas de toujours garder un peu de terre à vos chaussures».