Condamné, le pilori vous attend à Braine-le-Château
Le pilori de Braine-le-Château a été érigé en 1521 par Maximilien de Hornes de Gasbeck, le seigneur local, signe de son autorité.
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Publié le 10-08-2021 à 05h01
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Nous sommes au XVIe siècle, à Braine-le-Château. Maximilien de Hornes de Gasbeck, seigneur de Braine, est un personnage très puissant possédant de nombreuses propriétés. «C'est une des personnalités de l'époque: il était d'ailleurs chambellan de l'Empereur Charles Quint, c'est-à-dire un proche conseiller», précise Jacques Pirson, l'administrateur du syndicat d'initiative de Braine-le-Château.
Mais pourquoi a-t-il fait ériger un pilori en 1521, sur la Grand-Place? «À ma connaissance, ce n'était pas par crainte d'une révolte locale ou d'une augmentation de la délinquance. Mais il avait le droit de justice sur ses terres et c'était une manière de le montrer, c'était un signe tangible de son autorité et de son importance. En termes de justice, les seigneurs de l'époque pouvaient aller jusqu'à condamner à mort une personne. Mais cela n'a pas été le cas à Braine-le-Château», raconte Jacques Pirson.
Celui-ci explique aussi qu'au début du XVIe siècle, le protestantisme naît et se répand en Europe. Charles Quint se fait toutefois le défenseur de la foi catholique. Et sur le pilori, le seigneur de Braine, qui fut aussi chevalier de la Toison d'Or, a fait inscrire: «Maximilian de Hornes de Gasbecke Chevalier de l'empereur Charles. 1521.» «Cette banderole avait pour but de prévenir les adeptes du protestantisme que lui était un fidèle serviteur de Charles Quint dont il était proche. C'était sa façon de servir la cause de ce dernier contre le protestantisme.»
Le pilori, trônant sur la Grand-Place, fait un peu plus de 8 mètres de haut et servait à exposer, notamment les jours de marché, les personnes condamnées pour un méfait, une peine infamante pour elles. «Ces personnes étaient condamnées à l'exposition publique, ce qui est une atteinte forte à leur honneur.» C'est de là d'ailleurs que vient l'expression clouer ou mettre au pilori.
Jamais aucun condamné exposé dans sa lanterne?
«Pour des petits méfaits comme les disputes ou avoir trop bu, les condamnés étaient attachés au bas du pilori par un carcan. Les grands coupables de vol ou d’homicide, par exemple, étaient exposés dans la lanterne. Dans les documents que j’ai consultés, je n’ai pas trouvé de traces de personnes ayant été mises dans cette lanterne. Au pied du pilori, il a dû y en avoir car les gens y étaient mis pour de menus larcins.»
À Ath, Jacques Pirson fait remarqué que le pilori était accolé à une maison et que des sanitaires avaient été installés au-dessus de lui...
Et si Braine-le-Château est désormais une paisible commune rurale, elle était située à un point stratégique à l'époque, ce qui explique la présence d'un tel seigneur et d'un château. «Nous étions dans le comté du Hainaut, dans une bande de terre de 14 km sur 2 allant de Halle à Bois-Seigneur-Isaac qui était enclavée dans le duché de Brabant. Il était donc important à l'époque d'y avoir un château pour contrôler les mouvements de la population.»
La plupart des habitants sont artisans et agriculteurs. Ces derniers exploitent généralement les terres du seigneur, «même s'il devait sans doute y avoir quelques petits propriétaires terriens. Pour moudre leurs grains, les agriculteurs étaient obligés de se rendre au moulin banal sous peine de se voir confisquer leurs grains voire même la charrette et le cheval servant à son transport.»
Jacques Pirson souligne l'importance du maréchal-ferrant et bien sûr du curé, «l'autre autorité avec le seigneur local».