Un arrêt de travail de 24 heures à l’IPPJ de Wauthier-Braine, ce jeudi
Aux difficultés habituelles, s’ajoute la prise en charge de deux jeunes ne dépendant pas de l’aide à la jeunesse.
Publié le 22-08-2019 à 06h37
Le personnel de l’institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ) de Wauthier-Braine (Brabant wallon), réuni en assemblée générale mardi, a décidé d’arrêter le travail durant 24 heures à partir de jeudi 6 h, a indiqué mercredi la CGSP Amio. La participation du personnel à ce mouvement sera très importante, avec un taux de grévistes de 95 %, prévient la direction de l’établissement.
Le front commun syndical avait déposé un préavis d’actions la semaine dernière, rappelle le syndicat socialiste, qui déplore le manque de réaction de l’administration. Un arrêt de travail d’une heure avait été mené et un appel à la concertation lancé. Mais l’administration n’y a jamais répondu, semble-t-il.
Les difficultés rencontrées par le personnel travaillant dans les IPPJ sont nombreuses: lenteur pour le remplacement des agents, normes d’encadrement ou encore promesses non tenues par l’administration, énumère ainsi la CGSP Amio.
L’institution de Wauthier-Braine doit, en outre, faire face à la prise en charge de deux jeunes ne dépendant pas de l’aide à la jeunesse. Ils présentent en effet des troubles comportementaux sévères et, pour certains, de handicaps profonds ne permettant pas d’effectuer un travail correct, explique le syndicat.
Si le nouveau code de l’aide à la jeunesse est mis en place, la réalité de terrain n’est malheureusement pas encore prise en compte, constate l’organisation. Le personnel spécialisé, comme les psychologues et les pédopsychiatres, est par exemple dépourvu de moyens.
Les deux jeunes en question «n'entrent en aucun cas dans des projets institutionnels et leur maintien en IPPJ équivaut à de la maltraitance institutionnelle», estime la CGSP Amio. Cette dernière a interpellé Bernard De Vos, le délégué général aux droits de l'Enfant. Son courrier reste toutefois sans réponse actuellement, se désole-t-elle.
«Un véritable souci»
Contacté, ce dernier reconnaît un «véritable souci» dans la prise en charge de certains publics parmi les jeunes, en particulier ceux dits «borderline», que l'on renvoie d'un secteur à l'autre. Il rappelle aussi que les IPPJ ne peuvent pas refuser un jeune entre leurs murs quand cela découle du mandat d'un juge. Il souligne aussi le problème inverse dans certains hôpitaux psychiatriques qui doivent faire face à de jeunes délinquants.
«La problématique est globale. Il est extrêmement compliqué de trouver un terrain d'entente entre les différents acteurs concernés», résume Bernard De Vos, qui dit comprendre le sentiment de ras-le-bol du personnel.
Du côté de la direction de l'IPPJ brabançonne, on partage les constats des travailleurs. «Nous avons déjà tiré la sonnette d'alarme mais nous n'avons pas l'impression d'être vraiment suivis ni entendus ni soutenus», y confie un responsable.
On y regrette aussi la situation concernant l’un des deux jeunes, atteint d’un handicap mental et physique mais qui relève aussi du passage à l’acte délinquant. On y pointe encore le manque de réponses et de suivi de la part de l’administration des institutions d’aide à la jeunesse et du cabinet de Rachid Madrane (PS), ministre de l’Aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Bernard De Vos affirme, pour sa part, que les différentes autorités mobilisées sont «loin d'être inactives» dans ce dossier, des concertations ayant régulièrement lieu pour trouver la meilleure solution.
«Nous sommes solidaires de notre personnel mais nous assumerons nos responsabilités», assure encore le membre de la direction de l'IPPJ de Wauthier-Braine.