Une victoire pour les travailleurs des Laboratoires Thissen
Le tribunal de commerce de Nivelles a décidé de lancer la procédure de réorganisation judiciaire aux Laboratoires Thissen.
Publié le 22-11-2011 à 07h00
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Des applaudissements chaleureux ont accueilli la décision rendue ce lundi par le tribunal de commerce de Nivelles qui a décidé de lancer la procédure de réorganisation judiciaire des Laboratoires Thissen à Braine-l’Alleud et non de déclarer la société en faillite comme l’avait demandé la direction.
Dans une salle d'audience où avait pris place plus d'une centaine de travailleurs, le soulagement pouvait se lire sur les visages dont certains étaient rougis par l'émotion. « On s'est battu pour quelque chose »,confie Stéphanie qui travaille dans cette société depuis dix ans. À ses côtés, Anne, 29 ans de carrière aux Laboratoires Thissen sourit. « Cela démontre que les travailleurs ont toujours bien travaillé, mais nous étions gérés par des incapables. »
Des travailleurs qui ont visiblement touché la magistrature. Le réquisitoire de la substitute au procureur du Roi dans la matinée avait d'ailleurs provoqué une salve d'applaudissement. Magali Raes n'avait pas mâché ses mots pour dénoncer, selon elle, une tentative de contournement de la législation belge en matière de protection des travailleurs par NextPharma, propriétaire des Laboratoires Thissen depuis 2001. « Tout le monde est convaincu qu'il existe une alternative à la faillite pour cette entreprise, a-t-elle lancé. Tout le monde sauf la direction et là je me pose des questions sur l'objectif des employeurs. Il est évidemment plus confortable de faire assumer les coûts de licenciement par la collectivité et d'effacer les dettes à l'égard des créanciers. C'est peut-être comme cela que fonctionne les multinationales, mais ce n'est pas comme cela que la justice belge fonctionne. Il existe des lois pour protéger les travailleurs. » Et de conclure: « La valeur de l'entreprise, ce n'est pas ses brevets et ses outils, la valeur de cette entreprise, elle est présente dans cette salle en ce moment. »
Transfert forcé: une première
Le tribunal de commerce de Nivelles a donc suivi la demande du parquet en accordant un sursis à l’entreprise et à ses 307 travailleurs. Il a désigné un mandataire de justice qui sera chargé d’analyser les offres de reprise, la gestion quotidienne étant toujours du ressort de la direction actuelle, du moins pour l’instant. Il est toujours possible de désigner par la suite un administrateur provisoire. En attendant, le mandataire judiciaire dispose de deux mois (date butoir: le 16janvier) pour trouver un repreneur.
Un jugement qui restera dans les anales parce que c’est la première fois qu’un tribunal force le transfert d’une société et cela à l’initiative d’un procureur du Roi. ¦