La Défense conservera-t-elle finalement ses hélicoptères NH-90 TTH de Beauvechain ?
Cela paraît compliqué et peu probable mais certains y pensent au sein de la Défense. En tout cas, aucune décision n’a encore été prise concernant les NH-90 TTH.
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- Publié le 14-03-2023 à 12h07
- Mis à jour le 14-03-2023 à 12h08
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Vendredi dernier, le 10 mars 2023, le conseil des ministres a marqué son feu vert pour lancer la procédure d’acquisition de quinze hélicoptères légers pour la Défense par l’intermédiaire de la centrale d’achat de l’OTAN, ainsi que l’achat de cinq hélicoptères supplémentaires pour la police fédérale. La livraison des premiers appareils est attendue pour 2026.
"C’est un cap important qui a été franchi, commente le commandant de la base de Beauvechain, le colonel Jean-Didier Vandezande. Un certain temps, nous avons été dans l’expectative, même si j’ai toujours été convaincu que la Défense conserverait une capacité hélicoptère. Nous allons même monter en puissance puisque pour faire voler les 15 appareils, il faudra entre 40 et 50 pilotes tandis que nous en avons actuellement une trentaine tout compris (A-109 et NH-90 TTH). Il y a donc un plan pour le recrutement."
Ces nouveaux appareils seront basés à Beauvechain, la base hélicoptères de la Défense. Mais quel avenir cette dernière réserve à ses quatre hélicoptères de transport tactique moyen NH-90 TTH qui volent au départ de la base brabançonne ?
C’est que les hélicoptères légers sont censés les remplacer. Dans le plan Star de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), soit la vision stratégique pour l’armée dans toutes ses composantes à l’horizon 2030, il est écrit qu’une "flotte de 15 LUH (NDLR : light utility helicopter) sera acquise afin de remplacer les 4 NH-90 TTH actuellement en service (NDLR : les 4 NH-90 version marine ne sont pas concernés").
Plusieurs études sont en cours concernant le NH-90 TTH, dit la Défense
Mais y a-t-il du changement dans l’air pour les TTH ? Le porte-parole de la ministre nous assure que les deux dossiers - achat des hélicoptères légers et avenir des NH-90 TTH - n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Étonnant donc à la lecture du plan Star approuvé par le gouvernement fédéral le 17 juin 2022 et qu’on peut télécharger sur le site de la ministre Dedonder.
Interrogée, la Défense se fait peu loquace : "Concernant le NH-90 TTH, plusieurs études sont en cours (notamment concernant la disponibilité des appareils). Les résultats ne sont pas encore connus, et par conséquent, les décisions ne sont pas encore prises. Nous communiquerons en temps utile sur ce point."
Il est vrai que la décision concernant les NH-90 de Beauvechain n’est pas encore prise. Certains pensent d’ailleurs qu’il serait possible de les conserver, mais au sein de la Force aérienne, on nous dit toutefois que ce n’était pas la direction prise jusqu’à présent et que conserver ces quatre NH-90 TTH serait compliqué.
Pour rappel, depuis juin 2020, leur plan de vol a été réduit, la Défense n’en faisant plus sa priorité. Le manque de personnel au sein de la Défense, le faible soutien industriel et le coût pour les faire voler étaient les arguments avancés pour justifier cette décision. Et rien ne semble avoir réellement changé à ces niveaux-là depuis.
Le TTH est un hélicoptère vraiment performant, mais l’appui logistique est ce qu’il est, nous glisse-t-on. Maintenir les engins de Beauvechain aurait aussi un coût en termes de personnel, d’infrastructures, de maintenance, etc.
Actuellement, il est certain que les NH-90 voleront jusqu’en 2024. Pour la suite, rien n’est encore décidé.
Le plan Star prévoit aussi l’achat d’hélicoptères lourds
Les garder jusqu’en 2026 et l’arrivée des premiers hélicoptères légers ? C’est une option pour assurer la transition, bien que la Défense opère aussi sur des A-109, également basés à Beauvechain, des hélicoptères légers - plus encore que ceux qui seront acquis - et dont la fin de vie est attendue entre 2027 et 2029 après quelque 35 années de services (le premier Agusta a été livré en 1992).
L’arrivée de nouveaux engins légers "permettra le retrait d’emploi des hélicoptères A-109", lit-on en outre dans le plan Star.
La question de la transition, qui comprend aussi celle de la formation des pilotes et des mécaniciens aux futurs nouveaux hélicoptères, est donc étudiée et la meilleure option doit l’emporter.
Ajoutons que dans un deuxième temps, à l’horizon 2029-2032, "une flotte d’hélicoptères plus lourds (Heavy Transport Helicopters - HTH) sera acquise avec comme ambition de pouvoir transporter une compagnie en un lift", indique le plan Star. On parle ici d’hélicoptères de type Chinook.
Peut-on imaginer que la Défense exploite trois types d’hélicoptères ? Tout est évidemment possible. Mais cela paraît peu probable aux regards de la réalité budgétaire, du personnel - la Défense fait globalement face à un énorme défi de recrutement - de la logistique et de l’infrastructure, notamment.
Dès lors garder les NH-90 TTH pour les garder aurait peu de sens, même s’il faudra, en cas d’abandon du programme, analyser les raisons de ce qui apparaîtra comme un échec : le premier appareil n’a été livré qu’en 2013 et les NH-90 ne sont partis qu’une seule fois en mission opérationnelle, en 2018, au Mali, même si le reste du temps, ses pilotes n’ont pas fait que s’entraîner, ayant, par exemple, participé à l’évacuation de carcasses de véhicules bloqués dans les rivières après les inondations de juillet 2021.
Le plan Star précise ce qui est attendu des nouveaux hélicoptères : "Le but de cette flotte est d’appuyer les opérations terrestres avec des capacités d’évacuation médicale aéromobile et de doter les Forces spéciales d’une Special Operations Air Task Unit - Rotary Wing pour le transport de 16 opérateurs complètement équipés. Ceci permet non seulement d’atteindre le niveau d’ambition actuel, mais permet aussi, grâce à une disponibilité accrue des appareils, de garantir l’entraînement nécessaire, ainsi qu’un appui aux opérations dans la durée."