Le ministre a-t-il autorisé le projet Boiron sur base d’un avis partial?
La députée Hélène Ryckmans (Écolo) émet des doutes sur l’impartialité de l’avis qui a mené à la délivrance d’un permis pour le projet Boiron
:format(jpg):focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/F6PNWF6MKFCDZG47FWSMRGFMFU.jpg)
Publié le 24-01-2022 à 15h42
"J’ai pu me procurer l’avis de la Commission d’avis sur les recours (CAR) sur le dossier Boiron, à Beauvechain, avis contraire à celui de l’administration et qui a conduit (le ministre Borsus) à octroyer le permis à la société Boiron pour la construction d’un site de production pharmaceutique dans le centre du village. Force est de constater que cet avis se forge sur une vue partielle – je dirais même partiale – du dossier et que certains éléments clés y sont présentés de manière pour le moins étonnante."
La députée wallonne Hélène Ryckmans (Écolo) n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de qualifier le travail de la CAR dans le dossier Boiron: "La présentation tend à minimiser le projet et à masquer l'importance de la partie non commerciale de la pharmacie", estime la Chastroise. Elle relève que l'avis de la CAR semble ignorer la surface commerciale pour la pharmacie qui n'est que de 78 m2 à mettre en relation avec les 561 m2 prévus pour la préparation de médicaments à destination d'autres pharmacies.
"L'avis de la CAR évoque également le fait que le projet présente deux écarts par rapport au guide communal d'urbanisme. Or, dans l'avis d'enquête publique, l'administration en relève au moins trois, poursuit Hélène Ryckmans. Et lors de l'enquête publique, les habitants ont relevé d'autres écarts: les matériaux, la destination de la zone, etc. Plus étonnant, l'avis de la CAR évoque aussi le fait que le schéma de développement communal préconise le développement autre que résidentiel dans les zones d'habitat à caractère rural, ce qui n'est pas exact. Il est d'ailleurs incompréhensible que l'autorité communale ait laissé le demandeur tenir de telles affirmations sans les rectifier."
«Quelles conséquences sur la validité du permis?»
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/APYA5QKDY5HBXAU3TOEEVJ4BTM.jpg 480w,https://www.lavenir.net/resizer/npEKJomwKu1apGGhg2XarpE4S5Q=/768x432/smart/filters:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/APYA5QKDY5HBXAU3TOEEVJ4BTM.jpg 768w)
À la suite de sa lecture de l'avis de la CAR, la députée Ryckmans avait quelques questions à poser au ministre wallon de l'Aménagement du Territoire, Willy Borsus (MR). Ce qu'elle a fait en commission du Parlement wallon: "Au vu des interrogations que cet avis suscite, s'il devait apparaître que l'information à la CAR a été inadéquate, imparfaite ou incomplète, quelles seraient les conséquences sur la validité du permis?", a notamment demandé la Chastroise qui voulait aussi savoir pourquoi le ministre, n'avait pas suivi l'avis – négatif – de son administration.
Willy Borsus lui a répondu en rappelant que "différents avis ont été exprimés dans le cadre de ce dossier. L'avis de la Commission sur les recours, la proposition de l'administration, le DNF, et d'autres éléments encore.
Par ailleurs, j’ai pris le soin de visiter le site pour me rendre compte et visualiser les lieux et, à la suite de cela, j’ai délivré un permis conditionné."
Le ministre se tait, cédant la parole au Conseil d’État
Le permis sera querellé devant le Conseil d'État, ont déjà fait savoir des riverains opposés au projet.
Du coup, le ministre ne livrera pas davantage de commentaires: "Compte tenu des différents éléments évoqués (par la députée Ryckmans), et surtout compte tenu du fait qu'un recours est désormais annoncé, comme je le fais dans d'autres dossiers, je ne m'exprimerai pas plus avant."
La suite, au Conseil d’État, donc.
Au-delà du projet Boiron, la députée voulait, dit-elle, "mettre en évidence la manière dont éventuellement la Commission d'avis sur les recours forge son appréciation.
Je suis étonnée que les éléments avancés et présentés dans la rencontre qui a forgé cette décision ne puissent pas être l’objet de complément d’informations ou d’accès à un dossier complet."
Dossiers